Cet appel du chef d'état-major de l'ANP intervient dans la foulée de l'annonce par le panel de médiation et de dialogue d'une série de propositions concernant la mise en place d'une instance indépendante pour l'organisation de l'élection présidentielle. Il avait appelé à l'application de l'article 102 de la Constitution, puis déclaré que la justice allait réserver des "sanctions exemplaires" à ceux qui ont trempé dans les affaires de corruption, avant d'annoncer que des "instructions" ont été données aux services de sécurité pour traquer les porteurs d'emblème autre que l'emblème algérien, et voilà qu'aujourd'hui, il juge "opportun" de convoquer le corps électoral pour le 15 septembre. Depuis la mise à l'écart du président déchu, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, au centre du jeu politique, ne fait pas qu'exprimer des vœux. Depuis Ouargla, hier, il a fixé, pour ainsi dire, l'agenda électoral pour les prochains mois, anticipant sur une sortie dans les prochains jours du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, éclipsé depuis quelques semaines, et la "rentrée des classes" pour les députés. "J'avais abordé lors de ma précédente intervention la priorité d'entamer sérieusement la préparation de l'élection présidentielle dans les semaines à venir, et je confirme aujourd'hui, partant de nos missions et prérogatives, ainsi que de notre respect de la Constitution et des lois de la République, que nous considérons qu'il est opportun de convoquer le corps électoral le 15 du mois de septembre courant, et que les élections puissent se tenir dans les délais fixés par la loi ; des délais raisonnables et acceptables qui répondent à une revendication populaire insistante", a affirmé Gaïd Salah, hier, dans un discours à In Amenas où il était en visite. S'il ne fait aucun doute que le corps électoral sera convoqué autour de la date du 15 septembre prochain, l'élection présidentielle devrait donc avoir lieu vers la mi-décembre décembre prochain, en tout cas avant la fin de l'année en cours. Cet appel de Gaïd Salah, qui prend les allures d'un "passage en force", intervient dans la foulée de l'annonce par le panel de médiation et de dialogue d'une série de propositions concernant la mise en place d'une instance indépendante pour l'organisation de l'élection et les amendements devant toucher la loi électorale. "Dans ce cadre, je salue encore une fois les efforts fournis par l'instance nationale de la médiation et du dialogue et je valorise les résultats encourageants qu'elle a obtenus en si peu de temps, sur la voie du dialogue sérieux, constructif et objectif. Je n'omettrais pas de renouveler mon appel pour aller de l'avant pour rapprocher les points de vue, unifier les visions et trouver des mécanismes à même de concrétiser l'approche qui consiste en l'accélération de l'organisation de l'élection présidentielle, notamment en installant rapidement une instance nationale indépendante pour la préparation, l'organisation et la surveillance des élections, qui supervisera toutes les étapes du processus électoral, ce qui requiert également la révision de quelques textes de la loi électorale pour s'adapter aux exigences de la situation actuelle, et non pas une révision totale et profonde qui toucherait tous les textes, tel que revendiqué par certains, ce qui prendrait beaucoup de temps." En décodé, la révision de la Constitution est exclue et les seuls textes devant subir des changements sont ceux relatifs aux élections. Reste qu'Ahmed Gaïd Salah ne nous dit pas si le temps est suffisant pour adopter tout cet arsenal juridique lorsqu'on connaît le mode procédural. Tout en rejetant l'idée de la "négociation" avec l'institution militaire, comme pour répondre au slogan "Pour un Etat civil et non militaire", et tout en accusant certaines parties de "conspirer contre le peuple et la patrie", Ahmed Gaïd Salah, visiblement impatient, réitère que l'armée est "déterminée" à organiser l'élection "quels que soient les obstacles", non sans laisser planer des "menaces" à peine voilées. "Nous sommes convaincus que notre valeureux peuple qui aspire à vivre dans la paix et la quiétude et dans la sécurité et la stabilité ne veut, en aucun cas, retourner aux années de sang et de larmes et mérite de mener une vie digne dans son pays. Ce peuple, que l'on cite en exemple dans l'amour de la patrie et la loyauté, a soutenu et approuvé les efforts de l'institution militaire, qui est déterminée à aller vers les élections et à les organiser dans les temps impartis, qu'on le veuille ou non, quels que soient les difficultés et les sacrifices."