Un dimanche à République et un autre à Stalingrad. Peu importent les lieux, les collectifs de la diaspora algérienne dans la région parisienne n'ont aucun mal à mobiliser les manifestants qui se sont donné rendez-vous, hier après-midi dans le 19e arrondissement de Paris, pour encore demander le départ du système politique en Algérie. Comme les précédents, ce 30e rassemblement, organisé sous forme d'agoras, a permis à des compatriotes de s'exprimer. Les animateurs des différents collectifs ont aussi pris la parole, en se déplaçant vers d'autres forums de discussions, faisant valoir l'unicité du combat pour la démocratie, mené depuis l'Hexagone. "La tenue de plusieurs agoras ne signifie pas l'existence de divergences entre nous, mais d'une diversité dans les opinions. Nous sommes tous solidaires car notre ennemi est le même. C'est la maffia qui est tombée et celle encore au pouvoir. Ce sont tous les responsables politiques et militaires, les ministres, les walis, les hauts fonctionnaires qui continuent à servir leurs intérêts sans être inquiétés par qui que ce soit", a fait savoir Mohamed, un des animateurs de l'organisation Libérons l'Algérie. Invité à prendre la parole par ses camarades de Debout l'Algérie, le collectif qui a organisé le premier rassemblement parisien en février dernier, le militant s'est amusé des changements de façade promis par le régime en place. "Nous ne voulons pas d'un nouveau gouvernement et d'un président désigné. La solution reste l'éradication totale du système. Il n'y a pas de négociations possibles en la matière", a-t-il martelé. La persistance du chef d'état-major de l'armée à vouloir normaliser la situation en organisant un scrutin présidentiel le plus tôt possible a fait réagir d'autres présents sur la place de Stalingrad. "Levons la main pour montrer à Gaïd Salah que personne ne veut de ses élections. Il nous verra peut-être", s'est écrié Saïd Ahmime, figure très connue dans les manifestations antisystème à Paris. Tout en répondant favorablement à sa demande, la foule s'est mise à scander : "Makanch intikhabat maâ el-îssabat" (Pas d'élections avec la bande). Une dame, qui avait déjà fait sensation dimanche dernier avec un discours très virulent à l'égard de l'establishment, est revenue à la charge en demandant à Gaïd Salah et au président Bensalah de renoncer au pouvoir "Soit vous partez maintenant, soit le peuple vous chassera comme il a dégagé Bouteflika", les a-t-elle prévenus. Indignée par le sort réservé aux manifestants emprisonnés, elle a, de nouveau, demandé aux Algériens de l'immigration de se mobiliser en alertant les instances internationales. Il faut savoir qu'une pétition a été initiée pour demander la libération des détenus d'opinion. Des sit-in se tiennent également devant l'ambassade d'Algérie à Paris, depuis juillet dernier. Ils sont organisés par la section parisienne du Réseau de lutte contre la répression. Le dernier a eu lieu vendredi 6 septembre, au lendemain de la décision rendue par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed de maintenir en détention — pour port de l'emblème amazigh — quatre militants, dont Samira Messouci, élue RCD à l'APW de Tizi Ouzou.