Pour donner plus d'écho à la mobilisation dans l'Hexagone, une marche sera organisée à Paris, sur un parcours de 3 km, le 30 juin prochain. Le rassemblement hebdomadaire des Algériens de la région parisienne, organisé hier après-midi, sur la place de Stalingrad, s'est terminé dans une ambiance tendue. Les manifestants ont appris, avec beaucoup de colère, que tous les jeunes arrêtés pendant la marche d'Alger, vendredi dernier, pour avoir porté le drapeau amazigh, ont été mis sous mandat de dépôt et incarcérés. "Je ne pensais pas que la bande au pouvoir en arriverait là. Mais il semble évident que Gaïd Salah et consorts veulent faire peur au peuple. Les jeunes qui ont été mis sous mandat de dépôt ont été punis pour l'exemple", s'est indigné Salem, habitant de la Seine-Saint-Denis, dans la proche banlieue de Paris. Ali, un de ses amis qui réside dans l'est de la France, s'est dit outré de voir "des jeunes qui se sont soulevés contre le système de prédation" transformés, par une justice aux ordres, en criminels, à la place de corrompus et de traîtres notoires qui courent toujours, "Ceux qui les ont envoyés en prison savent que rien dans la loi n'interdit le port du drapeau amazigh mais qu'il est de coutume dans les dictatures de neutraliser les opposants en les accusant de vouloir porter atteinte à l'unité de la nation", s'est élevé Ali, promettant qu'il reviendra manifester à Paris le week-end prochain et tout l'été s'il le faut afin de soutenir ses compatriotes en Algérie. Pour donner un plus grand écho à la mobilisation des Algériens en France, le collectif Libérons l'Algérie (qui rassemble une quinzaine d'associations de la diaspora) a prévu d'organiser une marche inédite le 30 juin prochain, à Paris, de la place de la République à la place de la Nation, sur un parcours de trois kilomètres. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le collectif rappelle que "la diaspora algérienne, partie intégrante du peuple algérien, s'est inscrite tout naturellement, dès le début du mouvement populaire, en phase avec la révolution citoyenne et participe à la construction de l'alternative démocratique, en opposition au chaos provoqué par le pouvoir". Rejetant l'offre de l'armée de tenir des élections, Libérons l'Algérie estime qu'"une transition démocratique indépendante du système est la seule voie possible qui permettra au peuple algérien de recouvrer sa souveraineté". Le collectif condamne en conséquence toutes les opérations menées par le régime pour affaiblir le mouvement populaire (arrestations, intimidations, manipulation dans les médias publics et parapublics et dans le cyberespace). "Ces pratiques sont dignes des régimes despotiques", s'indigne le collectif, exigeant "la libération immédiate de tous les détenus d'opinion, la cessation des intimidations ainsi que les entraves à la liberté de circuler et de manifester pacifiquement". Il est à noter qu'un grand hommage a été rendu au cours du rassemblement d'hier au chanteur Matoub Lounès, assassiné le 25 juin 1998. Une scène musicale a accueilli des jeunes artistes qui ont repris quelques-unes de ses plus belles chansons. Dans le public, beaucoup sont venus parés des drapeaux amazigh et algérien. "Plutôt rompre que plier, comme disait Matoub !", s'est écrié un manifestant qui s'est drapé dans les deux emblèmes, malgré la chaleur.