La manifestation était axée sur cinq mots d'ordre : la mise en place d'une transition démocratique et pacifique, l'enclenchement d'un processus constituant, le respect de la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs et la création d'une justice indépendante. Le rassemblement hebdomadaire des Algériens de la région parisienne pour la transition démocratique en Algérie s'est déplacé hier exceptionnellement de la place de la République (réquisitionnée par la ville de Paris pour la tenue d'un festival culturel) à celle de la Bataille-de-Stalingrad, dans le 19e arrondissement. Malgré ce changement de lieu, l'affluence des manifestants est restée intacte. De très nombreux compatriotes ont tenu à marquer leur présence pour soutenir le mouvement populaire en Algérie et demander le départ du système politique en place. Plusieurs organisations (politiques, de la société civile, des étudiants…) fédérées dans le collectif Libérons l'Algérie ont appelé au rassemblement (le 13e depuis le 17 février dernier). La manifestation était axée sur cinq mots d'ordre : la mise en place d'une transition démocratique et pacifique, l'enclenchement d'un processus constituant, le respect de la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs et la création d'une justice indépendante. Commentant la situation politique dans le pays, à la suite du départ de Bouteflika, le collectif Libérons l'Algérie a dénoncé l'ingérence de l'état-major de l'ANP dans les champs politiques et l'instrumentalisation de la justice à des fins de lutte clanique. Les manifestants, qui se sont regroupés à la place de la Bataille-de-Stalingrad, ont exprimé la même indignation. Au cours des prises de paroles organisées par différents groupes, sous forme d'agoras, beaucoup ont contesté le rôle que veulent jouer l'armée et son chef d'état-major dans le processus de transition. "Nous disons à Gaïd Salah qu'il n'y aura pas d'élection car le peuple l'a décidé. Les Algériens veulent gérer eux-mêmes la transition et demandent l'élection d'une Assemblée constituante", a exigé un manifestant, en précisant que les Algériens veulent dialoguer, mais certainement pas avec les représentants actuels du système. Un autre manifestant a, dans le même ordre d'idées, rejeté l'idée d'une quelconque transition administrée par les représentants du système, l'armée en particulier. "Abane Ramdane a été tué parce qu'il avait veillé à la primauté du politique sur le militaire. Aujourd'hui, l'armée considère que les civils doivent être à son service et que l'Etat est sa propriété. Le système actuel a atteint le summum de ses contradictions (…) Refusons la fatalité et prenons notre destin en main et soyons les acteurs de la transition que nous revendiquons", a fait savoir le tribun. Zoheir Rouis, représentant pour l'Europe de Jil Jadid, a également pris la parole pour vilipender le chef d'état-major. "Gaïd Salah se prend pour l'ANP qui est l'armée du peuple. Il veut organiser des élections sponsorisées par Bensalah et Bedoui, les supporteurs les plus zélés de Bouteflika", s'est indigné le responsable politique, estimant que le peuple doit rester vigilant et continuer à demander le départ de tous les représentants du régime, sans exception. S. L.-K.