Goldman Sachs, une des plus influentes banques américaines, s'attend à ce que le prix du baril de pétrole évolue autour de 60 dollars en 2020. Dans un rapport diffusé hier, la banque américaine a, par ailleurs, abaissé ses prévisions quant à la croissance de la demande de brut en 2019 en raison d'une contraction de la demande provenant de l'Inde, du Japon, d'autres pays asiatiques non-membres de l'OCDE ainsi que du Moyen-Orient et d'Amérique latine. Goldman Sachs a, en effet, établi ses prévisions à 1 million de barils par jour, contre 1,1 million de barils par jour (mbj) il y a quelques mois. Mais elle a laissé inchangées ses estimations de la demande pour 2020 à 1,4 mbj. D'autres banques, notamment Morgan Stanley et Barclays, ont également mis en avant les risques pesant sur la demande de pétrole en raison des incertitudes économiques. Morgan Stanley a abaissé ses prévisions de prix du pétrole et de la demande pour le reste de l'année en raison de perspectives économiques défavorables, d'une demande en déclin et d'une production de pétrole de schiste en hausse. L'évolution de la demande est restée ainsi atone. Et, ce ne sont certainement pas l'Opep et ses alliés (l'Opep+) qui vont s'en réjouir. De fait, l'Opep+ se retrouve dans une situation très complexe. Les perspectives de la demande n'étant pas très encourageantes, les analystes de Goldman Sachs lui suggèrent une réduction supplémentaire de la production. Va-t-elle le faire ? Le Comité ministériel conjoint de suivi de l'accord Opep-non-Opep (JMMC) tiendra aujourd'hui sa 16e réunion à Abu Dhabi (Emirats arabes unis). Il fera le point de la situation sur les marchés et formulera des recommandations qui seront soumises à l'appréciation de l'Opep+. L'Opep s'inquiète Une tendance très nette se dégage néanmoins en faveur d'une diminution de l'offre de l'Opep, avec un soutien très large de l'Arabie saoudite. Mais est-ce suffisant ? L'Opep estime que la stabilité des marchés ne relève pas de sa seule responsabilité, appelant à la "responsabilité partagée" de tous les pays producteurs de pétrole pour assurer la stabilité du marché, alors que les pays qui lui sont extérieurs comme les Etats-Unis pompent toujours plus de brut, gonflant encore le volume de l'offre pétrolière mondiale. Le déséquilibre offre/demande entraîne forcément un tassement des prix de l'or noir. Il s'agit là d'une situation difficile qui risque fort de se dégrader davantage. Et, l'Opep a de bonnes raisons de s'en inquiéter, à plus forte raison que les derniers chiffres sur la demande qu'elle a établis, ne sont pas bons. En effet, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a légèrement revu à la baisse ses prévisions de croissance de la demande pour 2019 et 2020, citant des statistiques économiques moins bonnes que prévu au premier semestre de cette année et des perspectives moins optimistes pour l'économie mondiale. Dans son rapport mensuel publié, hier, elle a ainsi abaissé à 1,02 mbj sa prévision de croissance de la demande de pétrole cette année (-0,08 mbj par rapport à la précédente estimation) et à 1,08 mbj pour l'an prochain (-0,06 mbj). Youcef Salami