Il Semble que Skikda est en passe de perdre sa place de destination touristique nationale par excellence. Même l'enchanteresse Marsa est en train de rater sa saison. El Marsa, dans la wilaya de Skikda, n'a pas encore connu l'affluence habituelle en ce début du mois d'août. L'animation artistique est inexistante et les infrastructures d'accueil font défaut. Un seul hôtel, en plus, non encore achevé. Des tentes sont installées ça et là aux abords de la plage. Pour la saison estivale, l'APC a recruté 40 saisonniers répartis sur les deux plages gardées, El Marsa et Remaïla. L'eau potable est presque gratuite, mais insuffisante. L'APC procède à sa distribution une fois tous les deux jours, à raison de 200 DA le trimestre et la majorité ne paie pas. L'eau qu'on devait ramener de Hedjar Essoud par Berrahal tarde à venir. La commune est même incapable de payer 1 000 mètres cubes par jour, à raison de 45 DA le mètre cube. Pour son vice-président, M. Mesbahi, “le prix est exagéré”. L'éclairage public, quant à lui, est aussi insuffisant, comme à la cité Kaïdi, à Ras-Lehdid et du côté des constructions illicites prés de l'ancien château d'eau. À part celles du centre-ville, les routes sont à déplorer, inexistantes pour les mechtas de Chekaka, Seaied et Beni Guecha. Les conduites d'eaux usées sont absentes dans plusieurs quartiers, notamment le lotissement n°1. Les routes Chetaïbi-El Marsa par Mechta Touba et Guerbez-El Marsa sont impraticables. S'agissant de ressources, en plus de la location des deux parkings et de quatre kiosques sur la corniche, les commerçants qui viennent s'installer pour la saison paient à l'APC 5 000 DA. Vivant essentiellement de pêche et d'agriculture, El Marsa n'a bénéficié d'aucun projet de mise en valeur. Aucune retenue collinaire. Certains agriculteurs irriguent leurs terres à partir de l'Oued El Kebir. Les différents programmes de soutien à l'agriculture n'ont pas touché la majorité des fellahs. Dans le village, les quotidiens de la presse nationale sont vendus à 15 DA, le poulet à 600 DA et la location d'une tente au bord de la mer coûte, elle, 250. C'est l'après-midi que la plage se remplit. Des tours en bateau sont proposés aux estivants, à 400 DA l'heure. Des enfants d'El Hadjar (Ispat) sont encadrés par des accompagnateurs. “Ce sont 220 en moyenne, chaque jour. Ils ont entre 9 et 12 ans. Chaque enfant de travailleur a droit à deux sorties durant l'été”, nous confie un accompagnateur. Dans une tente, un jeune de Tébessa dit se plaire ici, mieux qu'à Annaba ou El Kala. L'endroit étant calme et sécurisé, c'est la 2e année qu'il s'installe ici. Les estivants sur la plage ne semblent pas dérangés par le troupeau d'agneaux, venu à la recherche d'une probable nourriture. Les petits vendeurs de beignets circulent le long de la plage. Selon un agent de la Protection civile, il n'y a pas eu de noyade à El Marsa depuis l'ouverture de la saison estivale. À l'abri de pêche d'El Marsa (port), de jeunes pêcheurs à la ligne sont occupés par leur passion. Ahmed, avec qui nous sommes restés un moment, a déjà perdu cinq appâts, des vers de terre. “C'est, a-t-il dit, à cause de la présence des petits poissons”. Le soir, les pêcheurs à la ligne viennent s'y installer. Parmi la variété de poissons, dont le mérou ou l'étoile, certains préfèrent le loup-bar. Ce dernier est dit-on intelligent et très difficile, il aime le calme et accompagne les bateaux de pêche à leur retour, entre deux heures et trois heures du matin. Il adore aussi la sardine fraîche. Les pêcheurs s'attardent jusqu'au petit matin, celui qui n'est pas patient ne peut pas l'avoir. Il faut éviter surtout le bruit. Il fait 600 DA le kilo et tout le monde apprécie sa chair. Sur la plage, un jeune joue sur l'accélérateur de son jet-ski en s'arrêtant net par moments, surfant en tournant à 180 degrés. C'est beau à voir pour les uns, dangereux pour d'autres. El Marsa plaît. Elle fait parler d'elle, cependant le développement de ce lieu touristique vierge n'a pas suivi. En quittant le village, plusieurs automobilistes s'arrêtent devant les figues de barbarie, les pastèques et les melons que des enfants vendent sur la route prés de chez eux. Les vacances c'est aussi l'occasion de travailler pour se faire un peu d'argent. C'est le cas de ceux-là. B. Nacer