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Quand conservatisme et tribalisme règnent
Les “violences côtières” de l'Est
Publié dans Liberté le 24 - 08 - 2008

L'été 2008 s'est distingué, entre autres, par ces violences qui ont sévi dans plusieurs régions côtières du pays. L'absence de l'état a été à chaque fois évoquée sans que personne ne daigne en donner une explication logique. Il y a cette fois ce “divorce” entre les populations locales et les vacanciers, dont l'ampleur peut nous réserver d'autres “surprises” à l'avenir, un avenir tout proche.
Pour avoir une idée plus au moins précise, nous sommes allés voir de plus près ce qui se passe dans cette région de l'est du pays, qui vient subitement de défrayer la chronique.
Les incidents, qui viennent de se dérouler dernièrement à Chetaïbi (Annaba), se trouvant à 65 km du chef-lieu de wilaya, et à El-Marsa (Skikda) distante de 105 km du chef-lieu de wilaya, à 65 km de Annaba, sont les meilleurs exemples de ces “violences côtières”. Ces deux villages côtiers ont vécu ces derniers jours des troubles bien étrangers à leur coutume. C'est surtout Chetaïbi qui s'est “distinguée”. Connue pour sa baie (classée comme l'une des meilleures au monde), cette commune a pris rendez-vous avec la violence et aussi avec… la mort. Tout s'est déclenché quand des malfaiteurs natifs de la commune de Oued Aneb (Annaba) ont assassiné un jeune, habitant la commune. ?gé de 23 ans, Lyès Bouaziz a perdu la vie après avoir reçu un coup de couteau. Les mêmes malfaiteurs avaient aussi agressé peu après un autre jeune, qui s'en était sorti avec une blessure plus au moins grave. Une situation, qui a amené plusieurs dizaines d'habitants de la paisible Chetaïbi à se regrouper, et une véritable chasse à l'homme avait ainsi été déclenchée. Les agresseurs étaient les premiers visés. Leur arrestation par les services de sécurité a fait que les autochtones s'étaient “rabattus” sur les nombreux estivants se trouvant sur les plages de la commune. Ils les ont obligés (souvent avec violence) à quitter les lieux. Des dizaines de jeunes et de familles sont sortis du village dans la précipitation totale. Dans leur “rage”, plusieurs jeunes du village ont barré la route pour interdire l'accès aux “étrangers”.
Nous avons rencontré à Annaba quelques “rescapés”. Tous ont utilisé les mêmes termes de “stupéfaction” et de “surprise” pour essayer d'expliquer l'attitude des habitants de la commune côtière. “Je n'arrive toujours pas à comprendre l'hostilité et la haine que j'ai vues sur les visages de ces jeunes qui sont venus nous donner l'ordre de quitter les plages et toute la ville même”, nous dira Azzou, 25 ans qui ajoutera : “Depuis plusieurs années, je passe mes vacances à Chetaïbi et je n'ai jamais eu de problèmes. D'ailleurs, c'est l'une des raisons qui me font venir à Annaba.” Naouri, 27 ans, un autre enfant de Annaba, s'est dit tout autant surpris par ce qu'il a vu : “Je campais tranquillement avec quelques amis sous une tente. Devant l'envahissement des habitants et leur menace, on a dû fuir en courant et on s'est retrouvé sur la route à faire de l'auto-stop.”
Du côté des autochtones, les justifications vont bon train pour expliquer ces évènements qui, selon beaucoup d'entre eux, ont terni l'image de Chetaïbi. Lors de notre passage dans le village, quelques jours après les heurts entre la population et les estivants, il n'y avait aucune trace de violence, et le calme semblait régner. Cependant, et mis à part quelques familles, les plages étaient presque vides d'estivants. “La mort de Lyes, qui était estimé par tout le monde, ne pouvait pas passer comme ça”, nous a affirmé Halim, 22 ans, chômeur. “Nous en avons marre devant cette recrudescence de violence à chaque été. Nous sommes une population paisible, mais on ne peut plus se taire devant cette insécurité. Déjà que nous vivons dans des conditions déplorables alors qu'on vienne nous agresser chez nous, c'est le bouquet !” De son côté, Rabah, la quarantaine, commerçant, s'est montré encore plus alarmant sur l'avenir : “C'était prévisible depuis plusieurs mois déjà. C'est comme si on ne voulait rien faire pour régler nos problèmes. Certes, on regrette ces expulsions d'estivants qui ont été toujours bien accueillis mais s'en était trop.” Selon lui, un “avertissement” avait été donné, il y a quelques mois, “les émeutes contre le chômage et la mal-vie avaient obligé le wali à venir pour calmer nos jeunes. Il avait beaucoup promis, mais depuis on n'a rien vu venir. C'est pour vous dire que la violence peut reprendre à n'importe quel moment et il suffit d'une toute petite étincelle pour qu'elle se déclenche encore une fois”.
El-Marsa, l'onde de choc
Toutefois, ce divorce annoncé entre les populations locales de la région et les vacanciers n'a pas touché seulement Chetaïbi. Une autre commune, El-Marsa, distante d'une vingtaine de kilomètres de la première, a vécu une fièvre qui fort heureusement n'a pas pris des proportions dramatiques. Si quelques expulsés de Chetaïbi ont décidé de rentrer directement chez eux, et ainsi de mettre fin, prématurément, à leurs vacances, d'autres ont décidé de profiter des quelques jours de “liberté” qui leur restaient et ont pris la destination d'El-Marsa. Avec ses 6 000 habitants, cette commune et ses infrastructures se sont retrouvées trop exiguës pour supporter un flux aussi important. En deux, trois jours, une véritable pénurie de denrées alimentaires a été constatée au grand dam des estivants et surtout des habitants. Ces derniers n'avaient pas hésité à montrer leur désapprobation, mais sans “passer à l'acte” à l'image de ce qui s'est passé à Chetaïbi. Toutefois tout a basculé samedi dernier. Ce jour-là, un médecin de 32 ans, père de famille, originaire de Azzaba et exerçant à El-Marsa, a perdu la vie après avoir essayé de sauver la vie d'une fille qui était en train de se noyer. Cette dernière a pu être sauvée, mais le fait qu'elle soit une vacancière a suscité beaucoup de réactions auprès de la population. C'était, selon eux, une raison pour expulser les estivants. évidemment et avec le même “raisonnement” qu'à Chetaïbi, c'étaient les célibataires qui étaient les plus ciblés dans cette nouvelle chasse à l'homme. Ceux des estivants expulsés et des autochtones qu'on a rencontrés soit à El-Marsa, soit à Annaba ou à Berrahal ont tous eu les mêmes arguments et réactions que ceux qu'on a rencontrés à Chetaïbi. Un bis repetita, qui juste en quelques jours, peut paraître bien surprenant pour ceux qui sont loin de la région ces dernières années, mais qui en réalité, ne vient que confirmer une “tendance”. Un premier signal avait été donné, il y a quelques années, dans une autre localité côtière. Exactement à El-Kala (El-Tarf), où une rixe entre un gardien de parking et un jeune estivant avait dégénéré en émeutes après le meurtre par un coup de couteau de l'“autochtone”. Les habitants s'en étaient pris à tout étranger se trouvant dans leur ville et les plages se sont rapidement vidées. C'était en 2004, et voilà que quatre ans après, la région revit le même phénomène mais avec plus d'ampleur et de gravité. à chaque fois, c'est presque le même leitmotiv des habitants. “On tient à notre sécurité et à la préservation de notre horma”, et en face d'eux c'est le mutisme et le mépris total des autorités.
Le retour du tribalisme
Cet état des lieux a aussi engendré une nouvelle donne dont les conséquences risquent d'être des plus dangereuses pour la survie même de la République. Il s'agit de l'énigmatique charte des archs de Khenchela dont beaucoup parlent à l'est du pays et qui signe le retour en force du tribalisme dans notre société. Selon certains habitants de Annaba et de Skikda que nous avons rencontrés, cette charte serait même en train de circuler sous le manteau. Il s'agit ni plus ni moins d'un document qui aurait été élaboré par un imam de la ville de Khenchela, dans lequel il est indiqué les nouvelles “lois” qui devraient régir la vie des membres des archs dans les cas de litige, d'infractions et même de meurtres.
Une sorte de loi au-dessus des lois républicaines et avec des détails des plus surprenants et hallucinants même. Selon nos sources, cette “charte” se targue, entre autres, le droit de trouver des “solutions” autres que la prison pour les meurtres au sein des “tribus” de Khenchela. Ainsi, l'auteur d'un meurtre (sans préméditation) aura à payer 15 millions de centimes à la famille de la victime, par contre l'auteur d'un assassinat (donc avec préméditation) payera lui 60 millions de centimes. Toujours selon les mêmes sources, cette charte va encore plus loin dans ses “recommandations”. Le cas des viols a été ainsi abordé.
Il aurait été indiqué que la sentence à l'encontre d'un violeur serait de l'obliger à se marier avec sa victime, avec une dot de 10 millions de centimes, en plus de payer 15 millions de centimes à la famille de “sa future femme”. Un précédent plus que grave et qui risque de faire des émules. Déjà elle aurait été proposée à d'autres “tribus” des wilayas de l'est et même du sud du pays.
Tout ceci se passe comme si l'Algérie n'avait ni loi ni autorité. Et comme la nature a horreur du vide…
Au passage, on ne peut omettre l'effet désastreux que revêt tout ce brouhaha sur les politiques de promotion du tourisme. De vocation touristique, nos villes sont devenues des lieux de passage vers la Tunisie. Une seule statistique, que nous a refilée un douanier de Souk-Ahras, donne une idée plus au moins précise.
Depuis le début du mois d'août, le poste frontalier tunisien, Oum Tboul, enregistre une moyenne de 8 000 passagers algériens par jour.
S. K.


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