Après le placement sous mandat de dépôt de 24 manifestants interpellés lors du 30e vendredi par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, le collectif de défense des détenus d'opinion du mouvement populaire a décidé de se retirer afin de ne pas cautionner, ce qu'il qualifie de "pratiques répressives" du pouvoir. Le collectif a, en effet, indiqué dans un communiqué publié hier, que "la tendance répressive s'est aggravée dans les affaires des 24 détenus d'opinion du 30e vendredi qui ont été présentés aujourd'hui (dimanche, ndlr) devant le tribunal de Sidi M'hamed et qui sont poursuivis pour les délits d'incitation à la violence et atteinte à la sécurité et à l'unité du pays, en scandant des slogans et en déployant des banderoles de nature à porter atteinte à l'intérêt national conformément aux articles 79 et 96 du code pénal". Aussi, le collectif de défense, "en tant que partenaire essentiel et constitutionnel, en application de la noble mission d'avocat et après avoir constaté des dépassements et des violations", informe l'opinion publique qu'il ne peut cautionner "ces pratiques répressives" qu'il dénonce vigoureusement, en soulignant que son retrait est "l'expression du rejet de ces mêmes pratiques". L'article 79 du code pénal algérien stipule que "quiconque, hors les cas prévus aux articles 77 et 78, a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l'intégrité du territoire national, est puni d'un emprisonnement d'une durée de 1 à 10 ans et d'une amende de 3 000 à 70 000 DA". L'article 96 (ordonnance n°75-47 du 17 juin 1975) dispose aussi, que "quiconque distribue, met en vente, expose au regard du public ou détient en vue de la distribution, de la vente ou de l'exposition, dans un but de propagande, des tracts, bulletins et papillons de nature à nuire à l'intérêt national, est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 3 600 DA à 36 000 DA". Les avocats ont, d'abord affirmé, que "le pays vit depuis 7 mois un mouvement populaire pacifique à travers lequel le peuple algérien veut réaliser un changement radical du système de gouvernance corrompu et mettre en place un Etat de souveraineté populaire et des libertés, un Etat de droit". En rappelant ensuite, que "le comportement des citoyens a été marqué, jusque-là, par le pacifisme, la civilité et la cohésion entre les différentes composantes de la société", les signataires du communiqué ont, en revanche, fait remarquer que "l'attitude du pouvoir en place vis-à-vis de ce mouvement pacifique s'est distingué par l'utilisation des outils de répression et l'instrumentalisation d'institutions notamment la justice, dont le rôle constitutionnel est la protection des droits et des libertés et de garantir à chacun et à tous leur liberté et leurs droits fondamentaux en toute liberté, neutralité et équité". À noter que 17 avocats ont signé le communiqué susmentionné, dont Me Haboul Abdallah, Me Belamri Yasser, Me Kouadri Bilal et Me Badi Abdelghani. Ce dernier qui a alerté, sur sa page facebook, quant aux "mandats de dépôt en masse pour les militants actifs du hirak", a qualifié ce qui s'est passé de "violation grave de la Constitution et des libertés fondamentales".