Ses détracteurs remettent en cause la composition du BP et relancent la course au secrétariat général. Le secrétaire général du FLN, Mohamed Djemaï, a adopté une formule innovée par l'un de ses prédécesseurs, Djamel Ould Abbes en l'occurrence. Il a pris un congé, à durée indéterminée, sans démissionner officiellement de ses fonctions à la tête du vieux front. "Il ne peut pas gérer le parti et s'occuper, en même temps, de ses affaires en justice. Il a renoncé volontairement à son immunité parlementaire. Il se prépare à se défendre devant le juge", nous explique Mohamed Amari, membre du bureau politique chargé de la communication. La décision a été entérinée lundi à l'issue d'une réunion à huis clos de l'instance dirigeante du parti. "Nous nous sommes appuyés sur le premier paragraphe de l'article 40 des statuts du parti", précise notre interlocuteur. C'est en se basant sur ces dispositions qu'Ali Seddiki a été désigné à l'intérim sans devoir se soumettre à l'approbation du comité central. D'autant que l'instance n'est pas vraiment acquise au député de Tébessa. Ses détracteurs manœuvrent d'ailleurs, depuis plusieurs semaines, pour le destituer. Selon Hocine Khaldoune, des membres du CC, malgré leurs clivages, sont en contact permanent pour doter la formation politique d'une nouvelle direction. "La composition du bureau politique n'est pas conforme aux statuts. Il est donc illégal et ses décisions nulles et non avenues", affirme-t-il, ne reconnaissant, en l'occurrence, aucune légitimité ni à Mohamed Djemaï ni à son intérimaire. Pour lui, il y aura, à brève échéance, l'élection d'un autre SG. Une autre source au FLN assure, également, que Djemaï, acculé par ses tourments en justice et ses opposants au sein du parti, a été contraint de battre en retraite, mais ne renonce pas totalement à son statut de chef. "Il espère un retournement de situation qui le confortera. Pour beaucoup d'entre nous, il fait déjà partie du passé", souligne-t-on. Pour ses partisans aussi, l'avenir de Mohamed Djemaï à la plus haute fonction partisane est incertain. "Tout dépend des décisions de justice", note Mohamed Amari. Quelles sont les accusations retenues contre lui ? "Nous lui avons posé la question lors de la dernière réunion du bureau politique. Il dit qu'il ne le sait pas lui-même. C'est peut-être lié à des faits de diffamation contre Saâd Bouakba, ou autre", répond le chargé de la communication du Front, évasif. "S'il est relaxé, il reprendra sa place au parti. S'il est condamné, le comité central se réunira dans un délai d'un mois pour élire un SG. Entre-temps, le FLN sera dirigé par le plus âgé des membres du bureau politique", poursuit-il. En moins d'une année, l'ancien parti unique a eu deux secrétaire généraux élus (Djamel Ould Abbes et Mohamed Djemaï) et un coordinateur d'une instance dirigeante (Mouad Bouchareb). Il est probablement en voie de changer encore une fois de direction.