Les deux missions de la Banque d'Algérie révèlent des anomalies dans la gestion de cette banque, selon l'institut d'émission. La commission bancaire, dans une note sur la supervision bancaire en Algérie, citée par l'APS, indique qu'elle évalue en permanence les résultats enregistrés par l'administration provisoire, sans toutefois en révéler la teneur ou les mesures exactes qu'elle compte entreprendre. “La commission bancaire continue à évaluer en permanence les résultats enregistrés par l'administration provisoire et prendra toute mesure nécessaire dans le respect de la loi”, a indiqué cette instance de la Banque d'Algérie dans une note d'information de quinze pages et de huit chapitres dont le dernier est entièrement consacré à la situation d'El Khalifa Bank. A décoder ainsi : la Banque d'Algérie n'a pas encore tranché la situation d'El Khalifa Bank. En un mot, elle n'a pas encore rendu ses conclusions définitives ainsi que les mesures arrêtées pour traiter cette banque. En revanche, la note fournit des détails sur l'opération de contrôle en cours. On apprend que l'administrateur provisoire, installé début mars pour assainir cette banque, après la confirmation de l'irrégularité de certaines de ses opérations, a pris dans une première étape “des sûretés réelles garantissant des créances existantes et exorbitantes vis-à-vis du principal débiteur, à savoir la compagnie aérienne Khalifa Airways”. Il est rappelé que la mesure conservatoire de suspension des transferts de cette banque de et vers l'étranger avait été décidée, fin février dernier, après les révélations faites par deux premières missions de contrôle sur place à El Khalifa Bank, désignées par la Banque d'Algérie, entre le premier semestre 2001 et le deuxième semestre 2002. La note suggère que le PDG d'El Khalifa Bank a été d'abord rappelé à l'ordre, sans résultat. Pis, la situation s'est aggravée plus tard, conclut la seconde mission. Précisément, le rapport de la première mission a révélé, indique la note, plusieurs inobservations de la réglementation des changes en vigueur, portées à la connaissance du PDG d'El Khalifa Bank, reçu en octobre 2001, par de hauts responsables de la Banque. “Son attention a été attirée, note le communiqué, sur les premiers dépassements quant au strict respect des ratios de division des risques et de solvabilité”. La commission dit avoir interpellé le même dirigeant sur le gonflement anormal du poste divers à l'actif du bilan susceptible d'occulter la politique réelle de crédits engagés par la banque. En résumé, la commission bancaire a attiré l'attention du Pdg sur le non-respect par El Khalifa Bank des ratios Cook qui engagent toutes les banques de la place. En réponse à un premier avertissement de la Banque d'Algérie, signifiant au dirigeant d'El Khalifa Bank qu'il encourrait des mesures conservatoires ou des sanctions disciplinaires, le Pdg du groupe “a pris l'engagement solennel de rétablir et d'assainir durablement et dans de très brefs délais toutes les anomalies relevées”, ajoute le communiqué. Les directions générales de l'Inspection générale et des changes de la Banque centrale ont porté une attention particulière au “reporting des indicateurs de gestion financière et comptable d'El Khalifa Bank ainsi qu'au rapatriement des excédents de recettes de Khalifa Airways”. La seconde mission de contrôle a révélé selon la commission bancaire une amplification de tous les dysfonctionnements déjà relevés par la première mission. Il s'agit, selon les termes de la commission bancaire, d'un “emballement inexplicable de transferts liés aux opérations de commerce extérieur, un emballement des taux d'intérêt créditeurs au regard des taux de la place financière et l'excès de liquidés de la Banque El Khalifa enregistré dans le compte de cette dernière auprès de la Banque d'Algérie”. “La rétraction, en février 2003, des commissaires aux comptes d'El Khalifa Bank qui avaient dans un premier temps certifié, en décembre 2002, les comptes sociaux de l'exercice 2002, n'a fait que confirmer les appréhensions de la commission bancaire sur la gestion de cette banque et des risques qu'elle pourrait représenter pour ses déposants”. La commission bancaire a également relevé l'absence d'arrêté et d'adoption des comptes sociaux annuels des exercices 1999, 2000 et 2001 par les organes sociaux de la banque. N. R.