Les Béjaouis étaient encore plus nombreux à marcher, hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya, mais aussi à Akbou. Pour la 31e marche hebdomadaire du vendredi, ils étaient, en effet, des dizaines de milliers à battre le pavé à Béjaïa-ville et des milliers à Akbou. La marche survient juste après la décision du chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, d'interdire l'accès à la capitale aux citoyens des autres régions et ce, pour obliger les Algériens à suivre la feuille de route, à savoir l'organisation d'une élection présidentielle le 12 décembre prochain. La journée d'hier a été marquée par le retour significatif des jeunes, qui ont laissé le terrain durant l'été aux moins jeunes et aux seniors notamment, mais aussi par la participation des femmes et des personnes à mobilité réduite. Le peuple est donc mobilisé dans sa totalité, a relevé Zoubir, un militant engagé du hirak. Bien qu'organisé en carrés distincts, ce sont les mêmes slogans et mots d'ordre qui ont été scandés : "Dawla madania machi âskaria" (Etat civil non militaire), "Pouvoir criminel, iguenghane Fekhar Kamel" (Pouvoir criminel, qui a tué Fekhar Kamel), "Makanch intikhabat, mâa el îssabat" (Il n'y a pas d'élections avec les bandes maffieuses), "Ulac, ulac, ulac lvot ulac" (Il n'y a pas de vote ou d'élection), "Asmaâ ya doubab, hakda wassani baba. Makanch intikhabat mâa el îssabat" (Ecoutez, mouche électronique. Mon père m'a éduqué de sorte à ne pas participer aux élections, organisées par la bande mafieuse) ou encore : "Dirou intikhabat fi el imarate" (Organisez des élections aux Emirats arabes unis). Aussi, sur des pancartes, on a écrit : "Fausses élections mais vrai piège à cons", "Des larbins candidats, tous des renégats", "Gaïd Salah, tu peux rêver : Ulac l'vot ulac" (Pas de vote possible), "Trois choses intraitables : l'eau, le feu et le peuple". Sur d'autres, on a transcrit : "À tous les justes, libérez l'Algérie et son peuple", "Le régime militaire est un danger pour le peuple". Les protestataires ont exigé, par ailleurs, la libération de Karim Tabbou, de Lakhdar Bouregâa, de Fodil Boumala et des détenus d'opinion. Au niveau du dernier carré, celui des architectes engagés de Béjaïa, on pouvait distinguer Djamel Zenati et Aziz Tari, deux anciens détenus d'avril 1980, Hamou Boumedine, le coordinateur du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), et l'infatigable militant d'Akbou Sofiane Adjlane. M. OUYOUGOUTE