La marche, qui a coïncidé avec la Journée internationale du drapeau amazigh, a été également une occasion pour un déploiement massif de cet étendard. Comme attendu, la mobilisation n'a fait que se renforcer pour un troisième vendredi consécutif à Tizi Ouzou où une foule jamais enregistrée depuis la fameuse grandiose marche du 5 Juillet a déferlé, hier, sur les rues de la ville des Genêts pour prendre part à ce 28e rendez-vous populaire de lutte pour le changement radical du système. Ce dernier vendredi avant la rentrée sociale a été marqué non seulement par une reprise massive de la rue par la population qui, la baisse de température aidant, est sortie à nouveau, toutes franges sociales et tranches d'âge confondues, mais aussi avec une farouche détermination à poursuivre le combat qui vient d'entamer maintenant la seconde moitié de l'année, et une réaffirmation sans équivoque de la volonté du peuple à déjouer toutes les manœuvres orchestrées par le pouvoir dans le seul but de sauver le système. C'est d'ailleurs par la réaffirmation du rejet de l'élection présidentielle et du dialogue mené par le panel dirigé par Karim Younès que l'impressionnante foule a démarré sa marche, à 13h30, de l'université de Tizi Ouzou, pour se diriger comme d'habitude vers la place de L'Olivier, à l'autre extrémité de la ville. "Ulac Lvot ulac", "Karim Younès, chiatt el-îssabate", "Système dégage", "Gaïd Salah dégage", scandait-on à tue-tête dans tous les carrés à l'entame de la marche. Des banderoles déployées et des pancartes brandies par centaines sur l'habituel itinéraire de la manifestation confirment également ce rejet en des mots et messages aussi nombreux que percutants. "Le panel de Karim Younès n'est qu'un habillage politique pour sauver le système", lit-on sur une large pancarte brandie par une dame. "Un panel en carton pour négocier avec un gouvernement en plastique l'avenir d'un peuple en béton qui refuse de négocier et qui vous dit : dégagez tous", lit-on encore sur une banderole. "Non à la présidentielle, oui à la transition. Makach el-hiwar, makach intikhabate mâa el-îssabate", "Votre objectif c'est l'organisation des élections. Notre objectif est de construire un Etat de démocratie et de libertés", "Organiser l'élection présidentielle avec la Constitution actuelle signifie l'élection d'un nouveau dictateur : yaw fakou !", "Le peuple du vendredi veut accéder à l'entière reconnaissance de sa citoyenneté", lit-on encore sur d'autres banderoles et pancartes. Arrivée devant la deuxième trémie du centre-ville, la foule scandait comme un seul homme : "Chaâb yourid el-istiklal", "Imazighen, Gaïd Salah dégage", ou encore "Madania, matchi âaskaria". La marche d'hier, qui a coïncidé avec la Journée internationale du drapeau amazigh, a été également l'occasion pour non seulement un déploiement massif de cet étendard, mais aussi pour renouer avec les slogans culturels et s'en prendre avec une grande virulence à Gaïd Salah qui a déclaré son interdiction et à la justice qui a emprisonné des manifestants pour l'avoir brandi. De nombreuses autres banderoles et pancartes appelaient également, comme chaque vendredi depuis juin dernier, à la libération de tous les détenus d'opinion dont Lakhdar Bouregâa et Louisa Hanoune, et aussi à mettre fin à la "justice du téléphone" et à "libérer les médias".