Une marche populaire, qui a drainé plusieurs milliers de citoyens venus de différentes localités de la vallée de la Soummam, a été organisée, hier matin, à Seddouk, ville située à 60 km au sud-ouest de Béjaïa, à l'appel du mouvement associatif local. La marche s'est ébranlée depuis le siège de l'APC jusqu'à la daïra, en parcourant les artères principales de la ville. Une grève générale a été observée de 9h à 15h par l'ensemble des commerçants, des administrations et des entreprises publiques et privées de la commune. Ces actions de protestation expriment "un élan de solidarité avec les familles des détenus politiques et d'opinion" et "une exigence de libérer les prisonniers du mouvement populaire". La ville de Seddouk compte trois détenus : Kheireddine Medjani, Wafi Tigrine et Makhlouf Bibi, trois jeunes manifestants arrêtés lors des marches du vendredi organisées dans la capitale. Les portraits de ces trois jeunes incarcérés à la prison d'El-Harrach, à Alger, ont été arborés par les manifestants tout au long de la marche d'hier, aux côtés de ceux d'autres détenus, tels Lakhdar Bouregâa, Karim Tabbou, Samira Messouci et Samir Belarbi. Outre "la libération sans condition des détenus politiques et d'opinion", les manifestants, qui brandissaient les drapeaux national et amazigh, ont réitéré les principales revendications du mouvement populaire, notamment "le rejet de la mascarade électorale du 12 décembre prochain", "le refus de dialogue et des élections avant le départ définitif de toutes les figures du système", "la mise en place d'une période de transition qui sera gérée par des personnalités nationales crédibles et représentatives", "l'instauration d'un véritable Etat civil, de droit, démocratique et social". "Libérez les détenus", "Ya h'na ya n'touma, ma-ranach habsine" (C'est soit nous, soit vous, nous n'allons pas nous arrêter), "Makanch el-intikhabat mâa el-îssabat" (Pas d'élections avec la bande mafieuse), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Système dégage !", "Asmaâ ya el Gaïd, dawla madania, machi âaskaria" (Ecoutez M. Gaïd, nous voulons un Etat civil et non militaire) sont autant de slogans scandés à tue-tête par les manifestants durant leur parcours, long de quelque trois kilomètres. De nombreux militants politiques et acteurs de la société civile, ainsi que des membres des familles des détenus d'opinion de la région ont pris part à la marche. Il y avait, en effet, plusieurs élus locaux, notamment les maires RCD de Chemini et de Béni Maouche aux côtés de leur député et secrétaire national chargé de la communication, Atmane Mazouz, le président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, Saïd Salhi et Hocine Boumedjane de la Laddh, l'ancien sénateur du FFS, Brahim Meziani, le député démissionnaire Khaled Tazaghart… Prenant la parole devant le siège de la daïra de Seddouk, point de chute de la manifestation, le président du bureau régional du RCD de Béjaïa, Moumouh Labdouci, a déclaré : "Ces arrestations de trop, arbitraires et injustes, de nos jeunes manifestants pacifistes, qui viennent allonger la liste des détenus d'opinion engagés dans le mouvement populaire du 22 février, confirment la nature du pouvoir de fait incarné par Gaïd Salah qui vient d'avoir une réponse cinglante de la rue, aujourd'hui à Seddouk, comme il l'a eue, hier, lors des marches organisées par les étudiants et la communauté universitaire à travers plusieurs régions du pays."