Plusieurs milliers de personnes sont sorties dans la rue à Kherrata pour réclamer une transition politique en dehors du système. La ville historique de Kherrata, située à 60 kilomètres à l'est de Béjaïa, a renoué hier avec la mobilisation citoyenne contre le système et sa politique répressive visant à étouffer le mouvement populaire né le 16 février 2019 dans la même localité. En effet, plusieurs milliers de personnes sont sorties de nouveau dans la rue à Kherrata pour rééditer l'exploit de la manifestation similaire organisée le samedi 7 septembre, en guise de protestation et de dénonciation de la feuille de route du pouvoir, notamment son agenda électoral et son acharnement flagrant contre les figures de proue de la révolution pacifique. Il faut dire qu'en termes de mobilisation, la manifestation d'hier a drainé beaucoup plus de monde. Outre les habitants du chef-lieu, de nombreux citoyens issus des communes avoisinantes, telles que Draâ El-Gaïd, Taskriout, Aït Smaïl, Darguina et Souk El-Tenine, ont répondu favorablement à l'appel à la marche lancé la veille sur les réseaux sociaux. "Désormais, la ville de Kherrata deviendra le lieu de rendez-vous hebdomadaire pour les animateurs du mouvement populaire, où des milliers de manifestants se retrouvent chaque samedi", nous a déclaré, hier, un jeune militant associatif et membre du collectif citoyen de Kherrata, qui veille à la bonne organisation des actions du hirak au niveau local. La foule a entamé la marche, vers 10h, depuis le stade communal de Kherrata, en scandant des slogans hostiles aux décideurs, à leur tête le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, et à leur agenda électoral. "Ya El-Gaïd Salah, ulac l'vote" (Pas de vote, M. Gaïd Salah), "Makanch el intikhabat mâa el-îssabat" (Pas d'élections avec les bandes maffieuses), "Asmaâ ya El-Gaïd, dawla madania, machi âaskaria" (Ecoutez M. Gaïd, nous voulons un Etat civil et non militaire), "La hiwar, la chiwar, errahil obligatoire" (Pas de dialogue, ni de consultation, le départ du système est obligatoire), "Système dégage"…, sont autant de slogans scandés par les manifestants. L'ombre du leader de l'Union démocratique et sociale (UDS - parti non agréé), Karim Tabbou, a plané tout au long de la marche. "Je suis Karim Tabbou" et "Libérez Karim Tabbou", ont clamé les marcheurs, tout en brandissant les portraits de certains détenus d'opinion, dont ceux du porte-parole de l'UDS et du moudjahid Lakhdar Bouregâa. Après avoir réclamé haut et fort "la libération immédiate et inconditionnelle de l'ensemble des détenus d'opinion", les manifestants, qui arboraient le drapeau national et l'emblème amazigh, ont réitéré leur refus de "toute élection avant le départ définitif du système et de ses symboles". La procession humaine qui a parcouru l'artère principale de la ville s'est retrouvée, en fin de course, devant le siège de la daïra de Kherrata, point de chute de la manifestation. Là aussi, les manifestants ont repris en chœur leurs slogans, avant de se disperser dans le calme. Rendez-vous est donné pour samedi prochain.