Les tractations autour du deuxième tour de l'élection présidentielle anticipée en Tunisie vont bon train. Plusieurs figures influentes de la scène politique ont annoncé leur au candidat conservateur Kaïs Saïed. Arrivé en tête des résultats du premier tour, avec 18,4% des voix, cet universitaire au discours atypique semble être bien parti pour le second tour de l'élection qui aura lieu la première semaine du mois d'octobre. Et pour cause, la majorité des ralliements se font en sa faveur, à commencer par le parti Ennahdha. Ce parti islamiste, un des poids lourds de la politique tunisienne, a annoncé son soutien à Kaïs Saïed vendredi dernier. Chez ce parti, donné favori pour les prochaines élections législatives, on explique ce choix par la proximité qu'entretient M. Saïed avec le peuple. Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif du mouvement islamiste, a justifié ce choix en déclarant : "Nous considérons qu'il est plus proche des valeurs de la révolution tunisienne qui se résume dans la liberté, la dignité, la justice sociale et la démocratie." M. Loumiri a précisé par ailleurs que la priorité de son parti était les élections législatives du 6 octobre, un scrutin pour lequel Kaïs Saïed ne présente aucun candidat, puisqu'il n'a pas de parti politique. L'ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali (janvier 2012-mars 2013), candidat indépendant au premier tour, s'est également prononcé en faveur de Kaïs Saïed. M. Jebali a milité pendant plusieurs années dans le parti Ennahdha, dont il a occupé les fonctions de président et de secrétaire général, avant de démissionner 2014. Avant lui, l'autre candidat malheureux à la présidentielle Seifeddine Makhlouf, un avocat connu pour être l'inconditionnel défenseur des salafistes, a annoncé son soutien à M. Saïed au deuxième tour de la présidentielle et a promis de faire en sorte de lui fournir un soutien parlementaire à l'ARP, à travers le bloc de la coalition Al Karama. Les soutiens autour du candidat conservateurs ne s'arrêtent pas là. Le leader du parti Attayar, Mohammed Abbou, candidat lui aussi à cette élection, s'est rallié à Kaïs Saïed. Tout en jugeant que le programme de M. Saïed est loin d'être applicable, le leader du parti Attayar a fait savoir que ce dernier était un moindre danger pour l'Etat tunisien comparativement à Nabil Karoui. L'ancien président de la République, Moncef Marzouki, a lui aussi déclaré son soutien au candidat antisystème Kaïs Saïed en affirmant qu'il représente une valeur sûre face au candidat Nabil Karoui. "Je déclare mon soutien total au candidat Kaïs Saïed au deuxième tour de l'élection présidentielle, pour donner victoire aux valeurs de la révolution et de l'esprit de la Constitution et par soumission au jugement du peuple", a écrit M. Marzouki sur sa page facebook. Apprécié pour son intégrité, le candidat Kaïs Saïed semble faire consensus au milieu d'une bonne partie de la classe politique tunisienne, toutes obédiences confondues. Lotfi Meriahi, candidat de l'Union populaire républicaine (UPR), classé septième au premier tour de la présidentielle, s'est prononcé en faveur de M. Saïed, en estimant que ce dernier est "un homme intègre, propre et proche du peuple tunisien".