Toutes les arrestations opérées parmi les manifestants ou en relation avec le soulèvement du 22 février "sont illégales et arbitraires". L'Ordre des avocats d'Alger ne veut pas apporter une quelconque caution aux violations des lois dont use le pouvoir, en assistant aux auditions des détenus du mouvement populaire. Il menace même de recourir "au boycott des auditions", notamment "celles des détenus du mouvement populaire", si les autorités "persistent dans la violation des droits et libertés". Dans une déclaration rendue publique avant-hier en fin de journée, à l'issue de la rencontre de ses membres, tenue à Alger, le Bâtonnat d'Alger a réaffirmé son soutien au mouvement populaire et dénoncé "les multiples formes de violation des libertés et des droits élémentaires des citoyens, notamment le droit de manifester et la liberté d'expression". Le bâtonnat considère que toutes les arrestations opérées parmi les manifestants ou en relation avec le soulèvement du 22 février "sont illégales et arbitraires". "Nous dénonçons toutes les arrestations et les détentions qui ont ciblé des manifestants pacifiques", car "cela relève d'une violation flagrante des droits et des libertés, garantis pourtant par la Constitution", mais "aussi par des conventions et des accords internationaux", ont écrit les avocats adhérents au Bâtonnat d'Alger. Dans son analyse de la situation, le Bâtonnat de la capitale n'a pas été tendre avec les tenants du pouvoir et leurs pratiques. "Nous sommes à la fois étonnés et choqués par les pratiques répressives dont sont victimes les manifestants pacifiques, qui expriment pourtant leur indignation face à ces mêmes pratiques arbitraires", lit-on dans la déclaration, rappelant que "l'indépendance de la justice et des magistrats est l'une des revendications phare du mouvement populaire". Plus précis dans ce qu'il dénonce, le bâtonnat a souligné qu'il est "témoin", depuis une période, "de toutes ces violations des lois et des procédures qui attentent aux plus élémentaires des droits et des libertés, mais également aux droits de la défense, qu'il soit devant les services de sécurité ou devant les autorités judiciaires". Dans la déclaration signée par le bâtonnier Me Sellini, il est précisé que, selon la loi, un prévenu "peut légalement appeler ses proches ou un avocat". Or, visiblement, "les personnes arrêtées n'en avaient pas bénéficié", dénonce l'Ordre des avocats d'Alger. La même déclaration a dénoncé, encore, "le recours abusif aux mandats de dépôt". Des incarcérations qui ont touché "toutes les couches de la société", malgré "leur comportement exemplaire et pacifique lors des manifestations". Pour le Bâtonnat d'Alger, "ces pratiques sont en porte-à-faux avec les aspirations du citoyen qui aspire à mettre sur pied une justice indépendante en laquelle il aura confiance". Par ailleurs, le bâtonnat a souligné qu'il s'en tient toujours à toutes ses récentes déclarations de soutien au mouvement populaire et à ses aspirations à fonder un Etat de droit et une justice indépendante.