Quelques jours après l'annonce de la composante des structures locales de l'Autorité nationale indépendante des élections, leur installation s'avère plutôt compliquée. Alors que le président de l'Anie, Mohamed Charfi, ancien ministre de la Justice d'Abdelaziz Bouteflika, continue de clamer que son organisation était "libre" de toute injonction du pouvoir, de nombreux Algériens continuent de ne pas lui accorder crédit. Si dans certaines régions, l'expression de ce refus est plutôt pacifique et se limite au boycottage de l'opération électorale, ce n'est pas le cas dans d'autres villes. À Djelfa, des citoyens, se proclamant du hirak, ont fait irruption dans la salle publique où devait se dérouler, lundi, la cérémonie de l'installation du représentant local de l'Anie. Ils ont tout simplement demandé d'annuler l'installation de celui qui devait représenter leur wilaya au sein de l'instance qui doit gérer en principe le processus électoral. "Nous n'avons pas chassé Bouteflika pour nous retrouver face à des commerçants", a indiqué, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, un citoyen qui a juré devant l'assistance que l'installation du représentant de l'Anie ne pouvait se faire. Les présents, visiblement recrutés dans l'administration locale, ne bronchent pas. Au même moment, à Batna, des dizaines de citoyens ont tout simplement procédé à la fermeture du local affecté par les autorités locales pour abriter les travaux de la représentation locale de l'Anie. C'est une manière pour eux d'exprimer leur refus du processus électoral en cours dans le pays. Tout en fermant la porte du local, les citoyens ont évité toute violence. Ces actions font suite à d'autres actes similaires qui se sont produits dans d'autres régions. Ainsi, à Tlemcen, à Oran, à Sétif et hier à Bordj Bou-Arréridj, des citoyens ont fermé les bureaux locaux réservés aux élections. À Tlemcen, par exemple, des dizaines de citoyens ont fait irruption, dimanche, dans les locaux de la municipalité pour fermer le bureau des élections. La semaine dernière, des actions similaires se sont produites en Kabylie, où une bonne partie des P/APC a carrément refusé de participer à l'opération électorale. Si dans ces régions, ce sont les représentants locaux de l'Anie qui sont visés par les citoyens, dans d'autres wilayas, l'instance de Mohamed Charfi rencontre d'autres problèmes. Des représentants ont carrément indiqué qu'ils n'étaient pas au courant de leur désignation. C'est le cas de l'homme dont le nom a été cité comme "ambassadeur" de l'Anie à Béjaïa. L'enseignant universitaire a tout simplement refusé de servir l'instance électorale dans la wilaya. D'autres représentants de wilayas ne sont pas allés jusqu'à la défiance publique, mais un représentant d'une wilaya de l'est du pays a fait savoir à son entourage qu'il n'était même pas informé du choix qui a été porté sur sa personne pour représenter l'Anie dans sa région. Des incidents qui, pour l'instant, sont circonscrits, mais qui peuvent prendre d'autres proportions.