L'armée turque a fait face hier à une farouche résistance de la part des Kurdes dans le nord de la Syrie, au troisième jour d'une offensive qui fait craindre le pire. L'offensive turque contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie a déjà provoqué une centaine de morts, dont une dizaine de civils, depuis mercredi, alors que des milliers de personnes civiles continuaient de fuir les zones de combats, ont rapporté hier plusieurs médias. Au troisième jour de l'offensive turque, de violents affrontements ont éclaté entre les résistants kurdes opposés aux troupes turques, selon l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme). Les Forces démocratiques syriennes (FDS) – une coalition de combattants arabes et kurdes – luttent pour contenir l'avancée sur le terrain de l'armée turque. Cette dernière, soutenue par ses alliés, a fait face hier à une farouche résistance de la part des Kurdes dans le nord de la Syrie, au troisième jour d'une offensive qui fait craindre le pire. Selon un porte-parole de la milice arabo-kurde, les combattants des FDS ont repoussé hier une attaque au sol des troupes turques à Tell Abyad. Les combats se concentrent depuis mercredi dans une bande de 120 km, le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie. "Il y a d'intenses combats (...) sur plusieurs fronts, principalement de Tal Abyad à Ras al-Aïn", villes frontalières, a indiqué l'OSDH. Les FDS, selon l'ONG, ont utilisé des tunnels et des tranchées pour se défendre. Les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn sont les plus touchées par les combats, a confirmé un centre de presse affilié aux autorités kurdes locales. Lancée mercredi, l'opération militaire impliquant des forces aériennes et terrestres a suscité un tollé international. Plusieurs pays et des institutions internationales s'inquiètent du sort des civils mais aussi des nombreux terroristes détenus par les forces kurdes et qui pourraient s'enfuir. Le nombre de civils tués dans cette guerre a augmenté hier pour franchir la barre de 10 morts. Selon le bilan fourni par l'OSDH, ces civils ont trouvé la mort après des frappes aériennes et des tirs d'artillerie de l'armée turque. Six civils dont un bébé et une fillette, selon la même source, ont été tués rien que pour la journée d'hier. Pour sa part, l'armée turque a annoncé la mort d'un premier soldat dans cette guerre qui risque d'embraser toute la région. Ankara a lancé la phase terrestre de son offensive, et ses soldats ont franchi la frontière, concentrant leurs opérations dans les secteurs frontaliers de Ras al-Aïn et de Tal Abyad, contrôlés par les forces kurdes. Elles ont pénétré, selon des médias, dans onze villages près de ces deux villes, dont deux repris depuis par les Kurdes, selon l'OSDH. Les conséquences de cette offensive pourraient s'avérer graves, à l'intérieur comme à l'extérieur de la région. En annonçant le début de cette opération militaire, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est justifié en assurant que l'objectif était d'empêcher, selon ses propos, la création d'un "corridor terroriste" à la frontière méridionale de la Turquie. Les autorités turques assimilent les YPG au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'elles considèrent comme une organisation terroriste. En réalité, Erdogan souhaite empêcher l'apparition d'une région autonome kurde non loin de la frontière sud. Les Kurdes sont une communauté répartie sur les territoires turc, syrien, iranien et irakien. Selon les estimations, entre 2 et 3,6 millions de Kurdes vivraient en Syrie, essentiellement dans le nord du pays.