La principale organisation indigène d'Equateur a rejeté, jeudi, le dialogue avec le gouvernement de Lenin Moreno, appelant à "radicaliser les actions" de protestation contre la hausse du prix de l'essence après une semaine de manifestations qui ont fait cinq morts. "Aucun dialogue avec un gouvernement assassin", a lancé la Confédération des nationalités indigènes de l'Equateur (Conaie) dans un communiqué signé par son président, Jaime Vargas. Alors que le chef de l'Etat se montrait optimiste et misait sur une avancée de négociations jeudi, la tension est montée d'un cran lorsque les manifestants indigènes ont annoncé jeudi matin retenir dix policiers, qui ont finalement été libérés dans la nuit. Ces membres des forces de l'ordre avaient été présentés jeudi en public lors d'un rassemblement des manifestants à Quito. Par ailleurs, le bilan de la mobilisation qui dure depuis une semaine s'est alourdi : cinq civils, dont un dirigeant indigène, ont trouvé la mort durant les manifestations, ont annoncé, jeudi, les services du Défenseur du peuple, un organisme d'Etat. Ce dernier a également dénombré 554 blessés et fait état de 929 arrestations. "Nous appelons le gouvernement à mettre fin à la violence et à garantir le droit de manifester de manière pacifique", a ajouté cette institution dans un communiqué. Le gouvernement a, de son côté, indiqué que 133 policiers avaient été blessés. Les circonstances des quatre nouveaux décès, survenus à Quito, n'ont pas été précisées. Le précédent bilan faisait état d'un mort, un homme écrasé dimanche lors d'une manifestation dans le sud du pays. Confronté à la pire crise de son mandat, Lenin Moreno a transféré lundi le siège du gouvernement à Guayaquil (sud-ouest). Les indigènes – qui représentent 25% des 17,3 millions d'Equatoriens – exigent le maintien des subventions aux carburants, dont la suppression a fait bondir les prix à la pompe de plus de 100%. Ce mouvement social, marqué par des blocages de routes et de puits pétroliers en Amazonie, des manifestations parfois violentes et des grèves, est inédit dans le petit pays andin depuis 2007.