L'Equateur a décrété hier l'état d'urgence après une révolte des forces de police qui a déclenché des violences et bloqué le pays. Evacué par l'armée après avoir été retenu pendant plusieurs heures dans un hôpital de Quito, le président Rafael Correa s'est retranché dans le palais présidentiel d'où il a dénoncé une tentative de coup de force.Après une journée de confusion, le gouvernement a décrété l'état d'urgence, chargeant l'armée de faire respecter l'ordre et suspendant les libertés civiques. L' aéroport de Quito fermé depuis jeudi a été réouvert hier dans la soirée à la circulation aérienne.Le chef de la police nationale, le général Freddy Martinez, a remis sa démission suite aux événements de jeudi, a indiqué le porte-parole de la police, Richard Ramirez. Le Pérou et la Colombie ont fermé leurs frontières avec l'Equateur par solidarité avec Rafael Correa, et l'ensemble des pays de la région, tout comme les Etats-Unis et la France, ont apporté leur soutien au gouvernement en place. Le président bolivien, Evo Morales, a convoqué une réunion d'urgence hier des pays d'Amérique du Sud en marge d'un sommet régional à Buenos Aires. Après avoir été retenu plusieurs heures dans un hôpital de Quito, Rafael Correa a pu regagner le palais présidentiel d'où il a dénoncé un coup de force. «Il y avait beaucoup de personnes infiltrées, habillées comme des civils, et nous savons d'où elles viennent», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse tenue pendant la nuit. «Elles voulaient qu'il y ait des morts, elles voulaient du sang», a-t-il ajouté, remerciant ses partisans «prêts à mourir pour défendre la démocratie» qui s'étaient massés devant l'hôpital. Rafael Correa n'a accusé personne nommément, mais son ministre des Affaires étrangères, Ricardo Patino, a blâmé l'ancien président, Lucio Gutierrez. Celui-ci a rejeté des accusations «totalement fausses». Au moins trois personnes, deux policiers et un soldat, ont été tuées et plusieurs dizaines d'autres blessées jeudi, selon la vice-présidente du Congrès, Irina Cabezas. Les troubles ont débuté par un mouvement de révolte de policiers qui ont abandonné leurs postes pour protester contre une loi votée mercredi au Parlement qui prévoit une réduction des primes des fonctionnaires. ` Les aéroports ont été fermés, des routes bloquées, et des commerces et écoles ont fermé leurs portes à Quito, en raison de l'absence de protection des forces de police. Des pillages ont été signalés dans la capitale, où au moins deux banques ont été mises à sac, ainsi que dans la ville côtière de Guayaquil. Le quotidien El Universo a fait état d'attaques de supermarchés et de vols du fait de l'absence de policiers. Jeudi, le chef des forces armées, le général Ernesto Gonzalez, a assuré Rafael Correa du soutien des militaires, appelant à «une reprise du dialogue, seul moyen pour les Equatoriens de résoudre leurs différends». Il a toutefois estimé que la loi, officiellement à l'origine du mouvement de révolte, et qui doit être promulguée avant d'entrer en vigueur, devait être «revue ou suspendue afin que les fonctionnaires, les soldats et les policiers ne voient pas leurs droits affectés». Rafael Correa, président de gauche ayant fait ses études aux Etats-Unis, a été élu en décembre 2006, mettant fin à une décennie d'instabilité politique qui avait vu huit présidents se succéder. Trois d'entre eux avaient été renversés par des mouvements populaires.