L'avocat Me Mustapha Bouchachi a confirmé jeudi que Karim Tabbou, incarcéré à l'établissement pénitentiaire de Koléa depuis le 26 septembre dernier, souffre de l'isolement dans lequel il a été placé, mesure réservée d'ordinaire aux "délinquants" et aux "criminels". "Aujourd'hui (jeudi, ndlr), avec des confrères, j'ai rendu visite au militant politique Karim Tabbou. Nous l'avons trouvé en bonne santé et son moral est au beau fixe. Il nous a confirmé qu'il était bien traité dans l'établissement pénitentiaire de Koléa, mais qu'il souffre de la mesure d'isolement qui pourrait avoir des effets négatifs sur son moral", a écrit l'avocat sur son compte facebook. Selon lui, Tabbou leur a précisé qu'il a été victime de "mauvais traitements et d'insultes le jour de son arrestation par la police judiciaire". Lundi dernier, au cours d'une visite qu'ils lui ont rendue, ses avocats avaient déjà alerté sur les conditions d'incarcération de leur client. "La procédure judiciaire veut que Karim Tabbou soit placé avec les autres détenus dès lors qu'il y a présomption d'innocence. On n'isole pas quelqu'un qui n'est pas encore jugé. Lorsque l'on met quelqu'un en isolement dans ce genre de procès, on assimile cela à une première peine, il s'agit d'une condamnation qui ne dit pas son nom", avait expliqué l'avocat Me Aïssa Rahmoune, dont les propos avaient été rapportés par les confrères. "Il est mis en isolement dans une cellule au rez-de-chaussée. Un couloir que fréquentent les condamnés à la peine capitale. Ces derniers sont, pour la plupart, dépressifs. Ils crient et font un bruit insupportable. Les lumières sont allumées jour et nuit. Il est interdit de communiquer avec les autres détenus, même lorsqu'ils sortent dans la cour", avait-il rapporté. Pour sa part, Mme Zoubida Assoul avait indiqué que Karim Tabbou subit en prison une "torture morale, alors qu'il avait déjà enduré, lors de son arrestation par les services de sécurité, des violences verbales et physiques, ainsi que des injures et des insultes". "Karim Tabbou a été malmené, il a été privé pendant sa garde à vue d'un droit légal prévu dans le code de procédure pénale, à savoir un coup de téléphone à ses proches. Et aujourd'hui, il est mis en isolement. Ce n'est pas normal", a-t-elle déploré.