Arrêté le 11 septembre dernier et mis sous mandat de dépôt à la prison de Koléa, pour atteinte au moral de l'armée, le coordinateur du l'Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou, a été libéré, hier mercredi, par le juge d'instruction du tribunal de Tipasa après son audition. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Karim Tabbou a retrouvé sa liberté après deux semaines de détention. Son arrestation devant son domicile, le 11 septembre, a soulevé un tollé général, une vague d'indignation et de condamnation sans précédent. Son nom a été acclamé et sa libération exigée dans l'ensemble du pays lors des manifestations du vendredi 13 septembre ayant suivi son incarcération. Hier, lors de son audition par le juge d'instruction, un rassemblement de soutien a été organisé à l'extérieur du tribunal. Un jeune manifestant a été interpellé par la police avant d'être relâché quelques heures plus tard. Un collectif de 15 avocats s'est constitué pour assurer la défense de l'ancien premier secrétaire du FFS, un homme très impliqué dans le mouvement populaire depuis son début le 22 février. A l'extérieur du tribunal, l'un des avocats de Tabbou, Mostefa Bouchachi, a contesté l'arrestation du militant, jugée injustifiée. «On a expliqué à la chambre d'accusation que les chefs d'inculpation pour lesquels est poursuivi Karim Tabbou ne constituent pas un délit dans la loi algérienne et qu'il (Tabbou) présente toutes les garanties pour être présent devant la justice à tout moment. De ce fait, ils n'ont pas besoin de le mettre sous mandat de dépôt car l'article 123 du code de procédure pénale stipule que pendant l'enquête, l'accusé demeure soit en liberté soit sous contrôle judiciaire s'il ne présente aucune garantie», a expliqué Me Bouchachi. Il a insisté sur le fait que Karim Tabbou présente toutes les garanties de se présenter devant le juge. «Il est connu par son militantisme dans toute l'Algérie. C'est pour cela qu'on considère que son emprisonnement est injustifié et il n'y a aucune base juridique dans cette affaire», a-t-il soutenu. Trois jeunes maintenus en prison Par ailleurs, les trois jeunes présentés devant le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed ont été reconduits à la prison d'El Harrach sans qu'aucune décision soit prise à leur encontre. Auditionnés dans le fond, Khebani Abdelbasset, Amar Acherfouche et Kamel Boualouache ont été maintenus en détention. Ils ont subi le même sort que les trois jeunes auditionnés lundi par les juges d'instruction des tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab El Oued à Alger, à savoir Okbi Akli, Bounouh Nabil et Mohand Ameziane Belehoul. Aujourd'hui, jeudi, deux détenus seront auditionnés au tribunal de Sidi M'hamed. Le Comité national pour la libération des détenus d'opinion a dénoncé le traitement judiciaire des affaires des citoyens arrêtés dans le cadre du mouvement citoyen contre le système, accusant la justice de vouloir gagner du temps pour décourager les avocats, les détenus qualifiés d'otages et leurs familles. «Le tribunal de Sidi M'hamed et le tribunal de Bab El Oued informent les avocats de la défense des détenus, via des SMS, la veille, de la comparution de deux détenus devant le juge d'instruction dans le fond. Il s'agit d'un plan bien étudié et bien organisé par la justice aux ordres qui n'a qu'un seul but : décourager les avocats qui doivent se déplacer quotidiennement pour assister aux auditions des détenus pris en otages et briser le moral des détenus et de leurs familles», a dénoncé le Comité dans un communiqué, relevant un retard énorme et une lenteur dans le traitement des dossiers. Pour ce comité, les juges d'Alger, qui ont mis sous mandat de dépôt une cinquantaine de citoyens algériens, sont en train de gagner du temps en attendant de recevoir des ordres d'en haut pour prendre des décisions. Dans les autres wilayas, comme Tlemcen, Annaba, Batna, Chlef, Mostaganem et Oran, des détenus poursuivis pour les mêmes raisons ont été libérés par les juges. K. A.