Outre les affres de la détention, Karim Tabbou fait désormais face à une autre difficulté : le harcèlement moral et l'isolement total. Les avocats de la défense ont décidé de boycotter l'audience d'hier. Devant la multiplication des mises en détention provisoire, les avocats de Karim Tabbou, notamment Me Zoubida Assoul et Me Mostefa Bouchachi, ont décidé de boycotter la séance prévue hier devant la chambre d'accusation qui devait statuer sur une demande de remise en liberté provisoire de l'homme politique, incarcéré à la prison de Koléa. "Le collectif de défense de Karim Tabbou a décidé de boycotter la séance prévue par la chambre d'accusation pour étudier la demande de mise en liberté provisoire du détenu", ont indiqué les avocats dans un communiqué. Ils ont pris cette décision parce que les avocats ont estimé que leur présence n'était "d'aucune utilité" et que "la chambre d'accusation avait appuyé toutes les mises en détention provisoire" prises à l'encontre d'autres détenus politiques par le même tribunal, à savoir Sidi M'hamed. La défense est convaincue que le juge n'allait pas libérer Karim Tabbou qui a connu une seconde incarcération après avoir été libéré une première fois le 25 septembre dernier. La chambre d'accusation de la cour de Tipasa avait, en effet, décidé de remettre en liberté provisoire le secrétaire général de l'UDS, tout en le soumettant à un strict contrôle judiciaire. C'était le 24 septembre. Quelques heures plus tard, l'homme a été "cueilli" de nouveau chez lui à 8h30. Arrêté par des agents en civil, Tabbou avait disparu durant plus de 24 heures. Ni sa famille ni ses avocats ne savaient où il était détenu. Il a finalement été présenté au tribunal de Sidi M'hamed qui l'a incarcéré à la prison de Koléa. "Karim Tabbou n'a pas eu droit au respect des procédures d'arrestation, ni de mise en détention", rappelle Me Zoubida Assoul qui précise que le tribunal de Sidi M'hamed n'a "pas la compétence territoriale" pour le poursuivre puisqu'il s'agit des faits qui lui avaient déjà été reprochés lors de sa première arrestation. Si les avocats attestent que Karim Tabbou garde le moral, l'homme vit néanmoins dans des conditions anormales. Ils dénoncent des actes de torture morale et mettent en cause sa mise dans une cellule individuelle. "Le détenu politique Karim Tabbou a été violenté lors de son interrogatoire, insulté et injurié. Il est placé en isolement dans la prison de Koléa, comme lors de sa première arrestation (....) Il est placé seul dans une cellule individuelle dans un quartier qui s'appelle El-Hofra où il n'y a à l'étage que des condamnés à mort. Même quand il sort dans la cour, il est seul", a écrit Me Zoubida Assoul qui rappelle que Tabbou est même interdit de contact avec les autres détenus lors des sorties. Ali Boukhlef