Derrière cette action, il y a une volonté de décapiter le RAJ pour le réduire au silence. Jusqu'à hier, le collectif d'avocats n'avait aucune nouvelle d'Abdelwahab Fersaoui, président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), arrêté jeudi en fin de matinée aux abords du tribunal de Sidi M'hamed où se déroulait un sit-in organisé, en soutien aux détenus d'opinion. Selon Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, le président du Raj a joint par téléphone sa famille vers 17h, l'informant qu'il se trouvait dans un commissariat de police. Depuis, le contact est rompu. "Est-il encore en garde à vue au commissariat, à la gendarmerie ou même transféré vers une prison, après une comparution expéditive ?", s'est interrogé le militant des droits de l'Homme. Les avocats comptent s'enquérir de son cas, dès ce matin, auprès des juridictions d'Alger. "Abdelwahab Fersaoui rallonge ainsi la liste des citoyens et des militants que le pouvoir a décidé de prendre en otage", a commenté Saïd Salhi. Le secrétaire national à la communication du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Athmane Azzouz, a soutenu dans un communiqué en réaction à l'arrestation de Fersaoui qu'"aucune mesure répressive ne peut venir à bout de la détermination du peuple", estimant que "la dérive totalitaire du commandement militaire ne fait que compliquer la voie de la souveraineté du peuple". Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a également apporté son soutien à Fersaoui et a appelé à la libération de tous les détenus politiques. De son côté, le Collectif de la société civile pour une transition démocratique et pacifique a condamné fermement la détention jugée "arbitraire de Fersaoui" et a exhorté les autorités à le libérer "immédiatement et sans condition". L'interpellation d'Abdelwahab Fersaoui, qui dénonçait depuis quelques jours "des persécutions policières ciblées", intervient moins d'une semaine après le placement sous mandat de dépôt de cinq militants de cette association, agréée en 1993. Ils étaient attablés à un café, lors de la 33e manifestation du vendredi, lorsque des agents en civil les ont arrêtés. Hakim Addad, l'un des fondateurs du RAJ, Massinissa Aïssous, Djalal Mokrani, Ahmed Bouider et Kamel Ouldouali ont été présentés dimanche dernier devant un juge d'instruction qui les a inculpés pour "incitation à attroupement" et "atteinte à l'intégrité et à l'unité du territoire".