Les membres de la société civile dénoncent les dernières arrestations qui ont ciblé les militants du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ). Dans une déclaration rendue publique, vendredi, les organisations membres du Collectif de la société civile pour la transition démocratique signalent avoir appris «avec consternation» l'interpellation par des agents en civil, dans des cafétérias situées à des endroits différents à Alger-Centre, de cinq militants du RAJ très actifs dans le hirak : Massinissa Aissous, Mokrani Djalal, Hakim Addad, Hmimi Bouider et Kamel Ould Ali. Affirmant que ces interpellations font suite à l'arrestation et à la mise sous mandat de dépôt de dizaines de citoyens et militants politiques algériens depuis le mois de juin, le collectif précise qu'elles démontrent la volonté du régime de «briser l'élan du peuple algérien vers la démocratie et l'Etat de droit». Le Collectif de la société civile réclame la libération des militants du RAJ et celle de tous les autres détenus d'opinion et appelle les Algériens à exprimer leur solidarité envers tous les détenus et à poursuivre leur combat pacifique pour la démocratie et l'Etat de droit. Membre très actif du Collectif, le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, précise que les dernières arrestations sont «ciblées et visent en premier lieu des militant(e)s des organisations politiques et de la société civile, dont le RAJ, connus, à l'avant-garde du hirak et en phase avec ses revendications légitimes». «Chasse à l'homme» Ces arrestations s'inscrivent dans «une stratégie d'affaiblissement du mouvement, en ligne droite de cette tentation du passage en force pour imposer l'élection présidentielle pourtant massivement rejetée par le peuple. Ces arrestations arbitraires, qui dépassent la centaine, enveniment de plus en plus le climat et poussent au pourrissement face à un mouvement résolu, qui s'accroche malgré tout à son expression pacifique et garde le cap sur son objectif de changement effectif du système. On imagine mal une élection démocratique dans un climat de répression et de dictature, ces élections sont déjà compromises par de telles pratiques, toutes contraires aux engagements de l'Algérie sur le respect des droits humains et des conventions internationales qu'elle a ratifiées», soutient M. Salhi. De son côté, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a dénoncé dans une déclaration postée, hier, sur sa page Facebook une «chasse à l'homme» à la place des Martyrs et ses environs. «Une centaine de personnes embarquées par des policiers en civil et en tenue, des avocats (Aouicha Bakhti), des journalistes (Khaled Drareni) des parents de détenus (Arezki Challal et Omar Abed) et d'autres membres du CNLD et des représentants de la confédération des commerçants, sont actuellement dans des commissariats d'Alger. Farid Hami, membre du CNLD, a été intercepté, en portant la gerbe de fleurs et des banderoles, il a été sauvé in extremis grâce à l'intervention de quelques citoyens présents», détaille l'alerte du CNLD, qui a appelé les Algérois à sortir en masse pour soutenir les familles des détenus et à commémorer cette date historique du 5 Octobre 1988. Tous les militants arrêtés (une trentaine selon des sources concordantes) ont été libérés en fin de journée. Le MDS, dont le coordinateur, Fethi Ghares, a été arrêté et relâché, a lancé une alerte sur sa page Facebook : la militante Leila Chaimaa Souama a été interpellée à sa sortie du siège du parti en fin d'après-midi. «Aucune information n'est disponible à son sujet», précise-t-on.