Les cinq militants de l'association RAJ, à savoir Aïssous Massinissa, Djalal Mokrani, Kamel Ouldouali, Hakim Addad et Bouider Ahmed, arrêtés vendredi à Alger à la fin de la marche, ont été présentés, hier dimanche, devant le juge d'instruction du tribunal de Sidi-M'hamed. Les avocats ont boycotté la présentation « pour ne pas cautionner le procès politique» et protester contre les chefs d'inculpation. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les cinq militants sont poursuivis pour incitation à attroupement et atteinte à la sécurité de l'Etat. Ils ont été placés sous mandat de dépôt par le juge d'instruction et transférés à la prison d'El-Harrach. Ils suivent ainsi les trois autres militants de la même association déjà incarcérés pour les mêmes chefs d'inculpation et les dizaines d'autres citoyens détenus dans la même prison. Le rassemblement de soutien prévu devant le tribunal a failli ne pas avoir lieu. Dès les premières heures de la matinée d'hier, les services de sécurité ont commencé à disperser les passants et à embarquer les militants venus organiser une action de protestation devant le tribunal de Sidi- M'hamed où les cinq militants de RAJ étaient attendus. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a signalé, dans un communiqué, que des policiers en civil postés dans les alentours du tribunal étaient en train de lancer une opération de chasse à l'homme, surtout contre des personnes connues du CNLD, de RAJ, du réseau de lutte contre la répression, et même des parents des détenus. Plusieurs personnes ont été embarquées. Parmi elles, Mourad Amiri, convoqué à son procès le matin même dans une affaire l'opposant au ministre de l'Intérieur. Alors qu'il se trouvait dans un commissariat de police, son procès a été, une nouvelle fois, reporté au 20 octobre, suite à la demande de sa défense. Pour échapper aux interpellations, des parents de détenus et militants de RAJ, visés et identifiés par les agents des services en civil, ont été introduits à l'intérieur du tribunal de Sidi-M'hamed grâce à l'intervention des avocats pour assurer leur protection, selon le CNLD. Ce climat n'a, toutefois, pas empêché la tenue du rassemblement. Quelque temps plus tard, plusieurs militants, parents de détenus, responsables associatifs et politiques sont arrivés sur place pour apporter leur soutien aux membres de RAJ et aux autres détenus. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, et des cadres de son parti, Ali Laskri, coordinateur de l'instance présidentielle du FFS, des dirigeants du PT, le président de RAJ, Abdelouahab Fersaoui, et le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, ont tenu à marquer leur participation à cette action de protestation contre l'incarcération arbitraire des manifestants. Une avocate, qui venait de rendre visite aux détenus à la prison d'El-Harrach, a fait lecture d'une lettre collective de plusieurs détenus. Ils ont appelé à la poursuite du mouvement populaire et à continuer à réclamer une transition démocratique. « L'avenir de ma chère Algérie est prioritaire par rapport à ma liberté et mon avenir. Vive l'Algérie et vive la liberté », ont-ils conclu dans la lettre. K. A.