En présentant son roman, La Part du mort, au Salon international du livre d'Alger, en septembre 2004, Yasmina Khadra soutenait qu'il revenait vers le polar et surtout qu'il renouait avec le fameux commissaire Llob qui l'a fait connaître. De l'avis de ses lecteurs, surtout algériens, qui ne prisent pas trop le polar, Yasmina Khadra avait fait un plaidoyer pour le roman policier, prenant à partie même ceux qui prétendaient, lors des débats de ce jour-là, que le roman policier n'a pas la même dimension que les autres romans, proprement dit littéraires. Or, de l'aveu même de Yasmina Khadra, dans une interview accordée à l'hebdomadaire Courrier international, La Part du mort n'a pas eu l'effet escompté. Ainsi, l'auteur dira qu'il n'écrirait plus de roman policier. Il revient avec un roman, L'Attentat, qui paraîtra le 18 août aux éditions Julliard. L'histoire se passe dans un restaurant très prisé de Tel-Aviv, où une femme fait exploser la bombe qu'elle dissimulait sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, Israélien d'origine arabe, opère à la chaîne les innombrables victimes de cet attentat atroce. Au milieu, on le rappelle d'urgence à l'hôpital pour lui apprendre sans ménagement que la kamikaze est sa propre femme. Yasmina Khadra s'attaque à un sujet brûlant et audacieux qui ne manquera pas de déranger. Au fait, les souffrances des peuples, la cynique cruauté, la révolte et la lutte, puis cet abîme et les descentes en enfer dans l'écriture de Yasmina Khadra créent en nous des doutes et des remises en cause. Face à l'absurdité et l'incompréhension, on s'accroche à l'espoir et à la générosité de l'écriture de Yasmina Khadra. Même si cette écriture est sombre, douloureuse et effrayante, elle nous permettra, comme avec ses précédents romans, de surpasser ces doutes, encore une fois, et d'essayer d y voir clair. Extrait : “Je ne me souviens pas d'avoir entendu la déflagration. Un sifflement peut-être, comme le crissement d'un tissu que l'on déchire, mais je n'en suis pas sûr. Mon attention était détournée par cette sorte de divinité autour de laquelle essaimait une meute d'ouailles alors que sa garde prétorienne tentait de lui frayer un passage jusqu'à son véhicule.” Nassira Belloula