Le projet de loi de finances 2020 ne vient pas corriger les incohérences fiscales, surtout en matière de TAP (taxe sur l'activité professionnelle), véritable carburant de l'informel en Algérie. C'est ce que nous a déclaré Slim Othmani, président du conseil d'administration (CA) de NCA Rouiba, rencontré à Alger. "Personne ne veut y toucher. Personne ne veut en parler. La TAP est un sujet tabou", s'étonne-t-il. Le patron de NCA Rouiba est catégorique : "La TAP est un véritable frein au développement économique en Algérie. Tant que les politiques ne l'ont pas compris, nous n'avancerons pas." Pour Slim Othmani, c'est tout le système fiscal algérien, dans sa globalité, qui doit être revu, qualifiant les mesures introduites dans le projet de loi de finances de "petites retouches" destinées à augmenter les recettes fiscales et à combler le déficit. Le président du CA de NCA Rouiba regrette, surtout, l'absence de concertation avec le monde de l'entreprise. Slim Othmani a qualifié d'"inconscience" les mesures qui ont été prises, "il y a quelques jours, en demandant à certains acteurs dans certains secteurs de solliciter des crédits fournisseurs à 9 mois et 12 mois". Pour rationaliser l'importation et préserver les réserves de changes, le gouvernement avait approuvé la décision portant prolongation, à long terme, du paiement différé de la valeur des importations en vigueur au profit de certains secteurs d'activité, à condition que ce délai ne dépasse pas, dans tous les cas, une année, en vertu de ce qui est en vigueur dans le cadre des échanges commerciaux internationaux. C'est le cas, notamment, des importations de téléphones mobiles et de produits électroménagers en CKD/SKD. L'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef), dans une correspondance envoyée, le 30 septembre dernier, aux présidents et directeurs généraux de banques et établissements financiers, évoque la décision "de substitution au paiement cash des importations actuellement en usage, le recours au différé de paiement de neuf mois, sans que celui-ci excède une année, s'agissant des opérations des produits électroménagers (les produits blancs et les produits gris) et de téléphones". L'Abef précise que ces importations doivent être payées en FOB. "Si je demande à mon fournisseur un différé de paiement de neuf mois, c'est moi qui prends le risque de change. S'ils dévaluent la monnaie, comment vais-je faire ?", a indiqué le patron de NCA Rouiba, évoquant le risque de faillite. Slim Othmani a rappelé le problème des entreprises ayant subi des pertes de change au début des années 90. Mais plus globalement, Slim Othmani a estimé urgente l'élaboration d'"une vision pays". Il a évoqué, également, la nécessité d'une réforme du système financier.