Les Libanais ont perdu confiance en leurs politiques qu'ils accusent de corruption et d'avoir mené le pays dans une impasse politique et économique. Les manifestations se sont poursuivies hier au Liban, pour le deuxième jour consécutif, malgré le recul du gouvernement qui a annulé les taxes annoncées jeudi concernant l'utilisation des messageries sur internet (Facebook Messenger, WhatsApp, Viber, Skype, etc.). Des milliers de Libanais ont bloqué de nombreux accès routiers vitaux jeudi soir et hier, en affirmant qu'ils resteront mobilisés jusqu'à la chute du gouvernement, accusé de corruption. Selon les médias locaux, "l'autoroute du Sud, notamment au niveau de Choueifate, restait coupée vendredi matin, après une nuit sous haute tension. La route maritime reliant Beyrouth au Liban-Sud était également bloquée", lit-on sur L'Orient Le Jour. Les taxes que le gouvernement voulait imposer sur l'usage des applications de messagerie numériques n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Car, les Libanais dénonce la corruption qui gangrène le pays, le chômage endémique, la cherté de la vie que la loi de finances 2019, jugée très austère, a aggravée. Les manifestants dénoncent également la classe politique libanaise, à laquelle ils demandent de partir. Des sit-in nocturnes ont même eu lieu devant les domiciles de certains députés, selon toujours la presse libanaise. Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des milliers de personnes, des jeunes surtout, en train de scander des slogans hostiles au pouvoir, signe d'une colère qui couve depuis des années. "Le peuple veut renverser le régime", "Révolution ! Révolution !", ont scandé les manifestants. Hier, en début de soirée, le Premier ministre libanais Saad Hariri a donné 72 heures aux membres de la coalition gouvernementale pour soutenir ses réformes économiques, au deuxième jour de manifestations massives contre la classe politique accusée de corruption, sur fond d'une crise économique qui s'aggrave. "Nos partenaires au gouvernement doivent nous donner une réponse claire, définitive et convaincante (...) assurant que nous avons tous opté pour des réformes, sinon je tiendrais un tout autre discours dans un très court délai de 72 heures", a prévenu M. Hariri dans une allocution télévisée très attendue et suivie par des milliers de manifestants appelant notamment au départ du gouvernement. Ces dernières semaines, la tension est montée au Liban avec des craintes d'une dévaluation et d'une pénurie de dollars sur les marchés de change. Le pays s'est engagé en avril 2018 à introduire des réformes en contrepartie de promesses de prêts et de dons d'un montant total de 11,6 milliards de dollars. La dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, troisième taux le plus élevé au monde après le Japon et la Grèce.