Ils étaient des milliers de manifestants à battre le pavé, hier, pour réaffirmer leur rejet de l'élection présidentielle et la loi sur les hydrocarbures. La marche qu'organise chaque samedi la population de Kherrata a drainé hier une foule immense qui a tenu à réitérer les principales revendications du mouvement populaire ayant vu le jour au lendemain de la première manifestation contre le 5e mandat du président déchu, initiée le 16 février 2019 par les citoyens de cette ville historique. En effet, ils étaient des milliers de manifestants à battre le pavé, hier, depuis le stade communal jusqu'au siège de la daïra de Kherrata, pour réaffirmer leur rejet de l'élection présidentielle fixée au 12 décembre prochain et de la loi sur les hydrocarbures, exiger la libération immédiate et sans condition de l'ensemble des détenus du hirak, mais aussi le départ de toutes les figures du système, à commencer par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et le gouvernement Bedoui. Arborant l'emblème national et le drapeau amazigh, les marcheurs ont brandi également plusieurs portraits de détenus du mouvement populaire, dont ceux de Lakhdar Bouregâa, de Karim Tabbou, de Fodil Boumala… Tout au long de leur parcours, ils ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place et au processus électoral en cours. "Ya hna ya ntouma, ma-ranach habsine" (C'est soit nous, soit vous, nous n'allons pas nous arrêter), "Echaâb yourid isqat enidham" (Le peuple veut la chute du régime), "Makanch el intikhabat mâa el îssabat" (Pas d'élections avec les gangs), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Dirou el intikhabat fi el Îmarat" (Organisez vos élections aux Emirats), "Ulac smah ulac", "Système dégage !"…, ont-ils scandé. Par ailleurs, cette marée humaine n'a pas omis de fustiger le chef d'état-major de l'ANP et de réclamer un Etat civil, démocratique et social. Ainsi, les manifestants ont repris en chœur des chants et slogans chers au hirak, tels que "Dawla madania, matchi âaskaria" (Nous voulons un Etat civil et non militaire), "Y en a marre des généraux", "Les généraux à la poubelle", "El Djazaïr teddi el istiqlal" (L'Algérie sera libre et indépendante), "Djazaïr hourra démocratia" (L'Algérie libre et démocratique vivra)… Notons que lors du rassemblement organisé devant le siège de la daïra, point de chute de la manifestation, certains animateurs du mouvement populaire ont appelé la population locale à rester mobilisée et à se solidariser avec les deux frères Tadjouri, natifs de Kherrata, poursuivis en justice pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Accusés d'"incitation à un attroupement non armé", les mis en cause devront comparaître devant le juge près le tribunal correctionnel de Kherrata le mercredi 30 octobre prochain. Enfin, il est à signaler que le collectif citoyen de la daïra d'Ifri-Ouzellaguen appelle, pour sa part, à une marche populaire, demain lundi 21 octobre, à 10h, dans la ville d'Ighzer Amokrane. Les mots d'ordre de cette manifestation de rue porteront sur les mêmes revendications du mouvement populaire.