Onze personnes ont été tuées dans les émeutes qui ont secoué le Chili, a annoncé hier la gouverneure de Santiago, Karla Rubilar, révisant à la hausse un précédent bilan de sept morts. "Le nombre des morts à déplorer au cours des derniers jours est de onze. Nous avons eu trois morts avant-hier (samedi) et huit hier dimanche", a-t-elle déclaré à des journalistes. Pour la deuxième nuit consécutive, une mesure de couvre-feu a été décrétée à Santiago entre 19h00 et 06h00 locales (22h00-09h00 GMT). L'état d'urgence est également en vigueur dans plusieurs régions, dont celle de la capitale de 7 millions d'habitants. Il a été étendu dimanche soir à plusieurs grandes villes du sud et du nord du pays. Les émeutes se sont poursuivies dimanche. Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers dans l'après-midi dans le centre de Santiago, tandis que des pillages se déroulaient dans plusieurs endroits de la capitale. Près de 10 000 policiers et soldats ont été déployés. Les patrouilles de militaires dans les rues sont une première dans le pays depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). Selon les autorités, 1 462 personnes ont été arrêtées, dont 644 dans la capitale et 848 dans le reste du pays. Après trois jours de violences, le centre de la capitale chilienne et d'autres grandes villes, comme Valparaiso et Concepcion, offraient des visages de désolation: feux rouges au sol, carcasses de bus carbonisées, commerces pillés et incendiés. Plusieurs centaines de vols ont été annulés à l'aéroport de Santiago pendant la durée du couvre-feu. Des milliers de voyageurs se sont retrouvés bloqués pour la nuit dans l'aérogare. Les manifestations ont débuté vendredi pour protester contre une hausse --de 800 à 830 pesos (environ 1,04 euro)-- du prix des tickets de métro à Santiago, réseau le plus étendu (140 km) d'Amérique du Sud qui transporte quotidiennement environ trois millions de passagers. Des dizaines de supermarchés, de véhicules et de stations-service ont été saccagés ou incendiés. Les bus et les stations de métro ont été particulièrement ciblés. Selon le gouvernement, 78 stations de métro ont subi des dommages, dont certaines ont été totalement détruites. Ces dégâts dans le métro sont évalués à plus de 300 millions de dollars et un retour à la normale sur certaines lignes pourrait prendre "des mois", a indiqué dimanche le président de la compagnie nationale de transports publics, Louis de Grange.