Lors d'une rencontre à la librairie Media Book (Alger), l'auteur est revenu sur son dernier ouvrage paru aux éditions Enag. D'aspect mémento, le livre Trois années en Russie (éd. Enag 2019) est aussi ce carnet de voyages Sur les traces des Slaves, des Tatares et des peuples du Caucase que le journaliste Idriss Bouskine a mémorisé au jour le jour dans l'ancien empire tsariste et sur les rives des mers Baltique et Noire. Plus qu'un almanach des lieux, l'œuvre d'Idriss Bouskine est aussi un recueil où il y a l'exhaustivité des cultures et des rites populaires que l'auteur a cueillis durant son séjour de 2005 à 2008 auprès d'un bouquet de 140 ethnies d'Eurasie et héritières de l'ex-Union soviétique. Ecrit en arabe et selon un schéma narratif où la voix "off" de l'auteur envoûte l'auditoire, "l'ouvrage offre ce diaporama d'images d'un pays continent qui stoppe l'hégémonie impérialiste", a-t-on su de l'auteur. Outre les arts et l'inévitable visite de la place Rouge et le Kremlin à Moscou, l'auteur narre également les lieux de Voronej, Lipetsk, Kazan de la République du Tatarstan et la ville de Saint-Pétersbourg (ex-Petrograd puis Leningrad). Bien entendu, les personnalités ne sont pas en reste, puisqu'il évoque aussi le "tsar de toutes les Russies de 1894 à 1917", en l'occurrence Nicolas II né Nikolaï Aleksandrovitch Romanov (1868-1918), dont le tribun relate la chute lors de la révolution dite bolchevique d'octobre 1917 où le prolétariat s'est libéré du joug de la féodalité sous les slogans "La paix, le pain et la terre" et "Tout le pouvoir aux soviets". D'où l'air Katioucha (1938) de Mikhaïl Vassiliévitch Issakovski (1900-1973) qu'interprètent Les Chœurs de l'Armée rouge, et qui a accompagné tel ce générique de film la causerie de l'invité de l'agora du livre de la librairie Media Book de l'Enag. Et de l'historique fresque du roman Taras Bulba (1843) du dramaturge Nicolas Vassiliévitch Gogol (1809-1852), l'orateur a ressuscité l'épopée du Cosaque d'Ukraine et de ses deux fils, Andreï et Ostap, alors en guerre contre la Pologne. À cet égard, le littéraire s'est uni au 7e art avec le film Taras Bulba de John Lee Thompson (1914-2002) qu'a incarné l'acteur américain et d'origine mongole et russe Juli Borissovitch Bryner dit Yul Brynner (1920-1985). Index des lieux, l'œuvre d'Idriss Bouskine se veut également un bloc éphéméride où est noté tout ce qui a trait à l'étendue de la steppe eurasiatique qui chevauche l'Asie du Nord et l'Europe. D'où qu'il est aisé de feuilleter le livre sans se perdre dans l'histoire de ce pays. S'il en est une preuve, celle-ci s'illustre dans l'hospitalité russe que l'auteur a utilisée à bon escient. "C'est la vision d'un Algérien qui diffère de la propagande de l'impérialisme", a déclaré le modérateur Abdelhakim Meziani. En réalité, Trois ans en Russie - Sur les traces des Slaves, des Tatares et des peuples du Caucase est l'enthousiasmant florilège de chroniques itinérantes qui fait vadrouiller le lecteur au-delà d'un pays d'obédience passée de communiste. Autre richesse, "le vécu de l'auteur aux côtés de camarades de classe venus d'horizons divers où se mêlent aussi l'amitié circonstancielle des migrants issus de l'Asie centrale", a déclaré l'auteur. "L'ouvrage sous des dehors anthropologiques révèle également l'histoire et l'actualité de la Russie ainsi que l'apport culturel d'autochtones et d'autres échantillons ethniques religieux dont les Tatars qui représentent la deuxième plus grande ethnie qui peuple ce vaste pays, aux côtés des turcophones du Caucase, de l'Oural, de la Sibérie et de l'Asie centrale, espace hégémonique de la culture russe", a conclu l'auteur qui est à son cinquième ouvrage.
Nourreddine Louhal Trois années en Russie - Sur les traces des Slaves, des Tatares et des peuples du Caucase, d'Idriss Bouskine (éd. Enag 2019) - 195 pages – 850 DA