La déclaration faite par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, devant le président russe, Vladimir Poutine, qui l'a reçu en marge du sommet Russie-Afrique, a enflammé la Toile, en suscitant un déluge de réactions scandalisées. Des dirigeants ou de simples militants de partis politiques ont dénoncé la sortie du chef de l'Etat par intérim, la jugeant humiliante pour l'Algérie. "C'est un plan et non pas des élections. Bensalah humilie l'Algérie à l'international", s'est indigné le secrétaire national chargé de la communication au RCD, Athmane Mazouz, dans un post publié sur sa page facebook. Un sentiment d'indignation que partage le premier secrétaire de Jil Jadid, Lakhdar Amokrane, qui, sur sa page facebook, a qualifié la sortie de M. Bensalah d'appel à la "pire ingérence". "Un pouvoir en ‘état d'euthanasie' qui supplie un ‘pouvoir étranger' pour l'aider à se maintenir contre la volonté du peuple ! Y a-t-il pire ingérence que cette demande ? Mais cela prouve au moins que le peuple algérien va gagner (...)", a-t-il commenté. Côté société civile, les réactions sont, elles aussi, pleines de colère et d'indignation. "Sotchi (…) Honteux", a sobrement glissé le sociologue Nacer Djabi. "L'intervention de Bensalah devant Poutine est une humiliation pour l'Algérie et affaiblit le moral des Algériens (…)", s'est offusqué l'analyste financier Ferhat Aït Ali. Et de s'interroger : "Pourquoi les Russes ont diffusé une telle rencontre humiliante avec Bensalah ?" "Demander un soutien à l'étranger contre le peuple, n'est-ce pas un appel du système à l'ingérence dans les affaires internes du pays ? C'est le mouvement populaire qui veille sur l'Algérie", a estimé, pour sa part, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh, aile Hocine Zahouane). "Ramtane Bensalah attaque ce qui reste de l'Etat national", a commenté, moqueur, le président de Nabni, Abdelkrim Boudra, faisant ainsi un parallèle entre la sortie de M. Bensalah et la tournée de l'ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra dans les capitales occidentales, en mars dernier, pour quémander leur soutien au régime de Bouteflika. Connu pour ses interventions au vitriol contre le régime actuel, l'universitaire Larbi Zouaïmia ne s'est pas fait prier pour tomber à bras raccourcis sur Abdelkader Bensalah. "De toute ma vie, je n'ai jamais entendu un président dire à un président d'un autre pays et publiquement : ‘J'ai demandé à vous rencontrer'", s'est-il indigné.