Alger «n'a pas sollicité l'aide de Moscou» en ce qui concerne la situation politique en Algérie, a affirmé jeudi le porte-parole de la présidence de la Fédération de Russie, Dmitri Pescov. La mini-tournée du chef de la diplomatie algérienne l'a conduit dans trois pays européens l'Italie, la Russie, et l'Allemagne. Il avait pour mission de les convaincre de l'efficacité de la feuille de route du président de la République pour sortir de la crise actuelle. Une proposition rejetée par d'extraordinaires manifestations pacifiques, historiques, dont l'acte V s'est joué hier. La démarche du vice-Premier ministre qui a du mal à passer intra-muros, a de surcroît été vue d'un mauvais oeil par nos compatriotes. C'est donc tout à fait naturellement qu'ils ont tendu une oreille attentive aux réactions des responsables rencontrés par le ministre algérien des Affaires étrangères. Celle de son homologue russe, interprétée comme un parti pris en faveur du pouvoir a particulièrement focalisé l'attention. Qu'a-t-il déclaré? «Nous sommes bien sûr préoccupés par les événements qui se déroulent actuellement dans votre pays. Nous voyons des tentatives d'attiser les tensions et nous nous prononçons contre toute ingérence dans ces processus», avait déclaré Serguei Lavrov au cours d'un entretien avec Ramtane Lamamra lors de sa visite à Moscou. La réaction la plus remarquée, la plus médiatisée, a été celle de l'ancien ministre de la Culture, de la Communication et porte-parole du gouvernement de 1998 à 1999. «La déclaration du ministre Lavrov est aussi inamicale qu'inacceptable. Elle engage davantage l'Algérie dans l'internationalisation de sa crise interne», a écrit Abdelaziz Rahabi sur sa page Facebook. «La Russie, pays ami et allié, ne doit pas s'ingérer dans nos affaires nationales en soutenant le plan de Bouteflika qui représente aujourd'hui la principale source d'instabilité», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie russe a affirmé que «la Russie était préoccupée par les manifestations en Algérie», tout en mettant en garde contre des tentatives de déstabiliser la situation dans le pays, avait rapporté l'agence Reuters. Dès lors une clarification s'imposait. Ce que Moscou s'est empressé de faire. Alger «n'a pas sollicité l'aide de Moscou» en ce qui concerne la situation politique en Algérie, a affirmé jeudi le porte-parole de la présidence de la Fédération de Russie, Dmitri Pescov, lors d'une conférence de presse qu'il a tenue à Moscou. Est-ce que le président Bouteflika a lancé un appel à l'aide dans sa lettre au président Vladimir Poutine? «Personne n'a demandé d'aide à la Russie. Alger et Moscou souhaitent le maintien de bonnes relations dans leur coopération. Nous sommes convaincus que les Algériens doivent décider eux-mêmes de leur sort, sans ingérence de pays tiers et sur la base de leur propre législation et Constitution», a répondu le porte-parole du Kremlin soulignant que la situation politique en Algérie doit être réglée «sans ingérence extérieure». «Nous considérons les événements qui se déroulent en Algérie comme une affaire strictement intérieure d'un pays ami de la Russie», avait indiqué la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, une semaine auparavant.