L'état-major russe avait déjà accusé en 2017 les Etats-Unis de piller les installations et les champs pétroliers dans la zone de Jazira. Lors de son discours triomphaliste dimanche, annonçant la mort du chef de l'autoproclamé Etat islamique (Daech), Abou Bakr al-Baghdadi, dans une opération des forces spéciales américaines dans le Nord syrien, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a réaffirmé sa volonté de maintenir un certain nombre de soldats américains autour des champs pétroliers et gaziers dans le nord de la Syrie. "Ce que j'ai l'intention de faire, c'est peut-être de conclure un accord avec un ExxonMobil ou l'une de nos grandes entreprises afin de le faire correctement… et de répartir la richesse", avait déclaré Trump, justifiant cela par le fait que son pays a dépensé beaucoup d'argent dans la guerre contre Daech et qu'il était donc de son droit de le récupérer. Ces déclarations ont mis dans l'embarras ExxonMobil, mais aussi Chevron, qui se sont refusé de commenter les propos de Trump. Vendredi dernier, le chef du Pentagone, Mark Esper, avait déjà déclaré l'intention de Washington de garder une centaine de soldats américains pour sécuriser les champs pétroliers, officiellement, contre Daech. "Nous prenons maintenant des mesures pour renforcer notre position à Deir Ezzor, et cela inclura des forces mécanisées, pour nous assurer que le groupe Etat islamique n'aura pas accès à une source de revenus qui lui permettrait de frapper dans la région, en Europe, aux Etats-Unis", avait-il précisé à l'Otan. Mais la Russie, allié du gouvernement syrien de Bachar al-Assad, parle carrément de "banditisme international" organisé par les Etats-Unis. "Ce que Washington fait actuellement – saisir et placer sous contrôle armé les champs de pétrole de l'est de la Syrie – relève tout simplement du banditisme international", a déclaré le lendemain le ministère de la Défense russe dans un communiqué. "Absolument aucun des gisements d'hydrocarbures (...) situés sur le territoire de la République arabe syrienne n'appartient aux terroristes de l'Etat islamique et encore moins aux "défenseurs américains des terroristes de l'Etat islamique", mais exclusivement à la République arabe syrienne", a ajouté le ministère de la Défense russe. "Sous la protection des militaires américains et de sociétés privées américaines de mercenaires, des camions-citernes des champs pétroliers de l'Est syrien se dirigent en contrebande vers l'étranger", a ajouté Moscou, précisant que quant à "l'extraction, elle est effectuée à l'aide d'un équipement fourni par les principales sociétés occidentales en contournant toutes les sanctions américaines". D'après le ministère russe, "la société Sadcub, soutenue par l'administration autonome de l'est de la Syrie, assume les fonctions de prestataire, alors que les revenus de la contrebande du pétrole, versés via des sociétés de courtage, sont stockés sur les comptes des sociétés privées de mercenaires et les services de renseignement américains. Les bénéfices sont ainsi évalués à plus de 30 millions de dollars par mois", selon les médias russes. Selon un récent rapport du réseau syrien pour les droits de l'homme, les Kurdes contrôleraient environ 80% des gisements de pétrole syrien, sans compter le gaz. "Dans les gouvernorats de Raqqa, Hassakeh et Deir Ezzor, il existe environ 20 champs pétroliers, dont 11 contrôlés par le FDS (forces d'autodéfense kurdes), dont la capacité de production est beaucoup plus grande que les champs contrôlés par les forces du régime syrien", affirme la même source, soulignant que "les forces kurdes vendent du pétrole brut au régime syrien pour environ 30 dollars, avec un rendement journalier de 420 000 dollars, et reçoivent mensuellement environ 12,6 millions de dollars, ainsi que 378 millions de dollars par an en plus des revenus du gaz".