Des milliers de manifestants ont envahi les rues de Bouira hier à l'appel de la Confédération des syndicats autonomes (CSA). La marche, accompagnée d'une grève, a été décidée pour soutenir la révolution populaire, réitérer le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, réclamer la libération des détenus d'opinion ainsi que départ du système. Les enseignants ont massivement adhéré à l'appel de la CSA. En effet, ce sont des milliers d'enseignants revêtus de blouses blanches qui se sont rassemblés, tôt dans la matinée d'hier devant le siège de la Direction de l'éducation locale, dans le but de joindre leur voix à celle des manifestants pour dire "non" au scrutin contesté par le peuple. Les manifestants ont fait preuve d'imagination lors de la conception de leurs pancartes, puisque nous pouvions lire notamment "Le système peut-il faire chuter le peuple ?", "Le système est un mauvais élève, nous demandons son exclusion". C'est vers 10h que le cortège des manifestants s'est ébranlé pour sillonner les différentes artères de la ville, avec comme mots d'ordre "Système dégage !" et "Ulac l'vot ulac". Tout au long de leur procession, ils n'ont eu de cesse de crier leur refus de voir le système de l'ancien président déchu prolonger son règne. "Non au 5e mandat sans Bouteflika" et "Makenche el-tamdid ya Bensalah" (Il n'y aura pas de prolongation). Les slogans tels que "Système dégage !", "FLN et RND dégagez !", "Sraktou l'bled" (Vous avez pillé le pays), ont été scandés à tue-tête. Zoubir Messaoudi, ancien coordinateur du Cnapeste à Bouira, indiquera qu'"il est temps que ce système cesse ses manipulations grossières et entende la voix de tout un peuple qui le rejette (…) le corps enseignant a été de tout temps avec le peuple et ses aspirations. Aujourd'hui, plus que jamais nous sommes déterminés à en finir avec le système pour bâtir l'Algérie de demain". Les manifestants ont encore réclamé la libération des détenus d'opinion. Des slogans tels que "Presse libre et justice indépendante", "Libérez les otages" et "Halte à l'arbitraire", ont été scandés. "Nous restons mobilisés jusqu'à la libération de l'ensemble des détenus, car vis-à-vis de la loi, ils n'ont absolument rien fait de mal, si ce n'est brandir un drapeau et exprimer une opinion", dira Mohamed Taoudiat, coordinateur local du Cnapeste. Arrivés sur l'esplanade de la Maison de la culture, les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la Révolution nationale. Après une brève prise de parole durant laquelle ils ont exhorté le pouvoir en place à "dégager", les enseignants de Bouira se sont dispersés dans le calme. Par ailleurs, les employés de l'ADE, de la DAS et de la direction des impôts, ont débrayé à l'appel de la CSA. Il y a lieu de noter l'absence remarquée du corps des praticiens de la santé publique lors de la marche d'hier.