La célébration, vendredi prochain, du 57e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale suscite déjà une ferveur sans pareille parmi la communauté universitaire de Constantine, qui a marché hier pour la 36e fois. Une marche dédiée au 1er Novembre, en attendant le grand jour où elle entend se réapproprier cette date historique, comme ce fut le cas le 5 Juillet ou encore le 19 Mai derniers que l'œuvre de récupération par le pouvoir politique avait, jusque-là, démythifiés de leur essence par un discours trompeur et populiste à souhait. Les étudiants savent qu'ils seront soutenus vendredi prochain par des milliers de personnes qui partagent le même idéal, celui de libérer le pays du joug d'un pouvoir qui a trahi le serment de Novembre. Et c'est précisément ce qu'ils ont fait entendre, hier, à travers les principales artères de la ville. "Echaâb yourid el istiklal" (Le peuple veut l'indépendance), ont-ils répété lors de cette énième procession marquée par l'apparition de portraits de martyrs de la guerre de Libération nationale et de slogans appropriés pour la circonstance, sans pour autant perdre de vue l'objectif premier du hirak. Une marche entamée donc, après une minute de silence observée à la mémoire des chouhada, suivie de l'hymne national Qassaman entrecoupé de youyous et de cris stridents : "Tahia el Djazaïr". La kyrielle de slogans et de mots d'ordre que les étudiants ont l'habitude de scander ont été résumés dans des chants qu'ils répéteront pour la première fois : "Ali Ammar, mon pays est en danger. Nous y recommencerons la bataille d'Alger, il n'y a pas de retour en arrière, le pouvoir est une fourrière, main dans la main nous recouvrerons notre indépendance" et aussi "Dites aux juges et aux procureurs que nous les croyons libérés alors qu'ils subissent toujours l'esclavagisme, dites-leur que la parole juste mène encore en prison et que ni Tebboune ni Benflis ne passeront". L'itinéraire traditionnel de la marche des étudiants, qui ont pour habitude de marquer des haltes devant la maison des syndicats, la Cour et le tribunal, a été néanmoins escamoté cette fois-ci par un cordon de policiers qui les ont empêchés d'atteindre le siège de l'UGTA, contrairement aux mardis précédents. La marche ne se terminera pas sans la tenue à la place de la Pyramide d'un débat sur les prochaines actions envisageables, pendant que d'autres étudiants se retiraient pour entamer les préparatifs de la marche du 1er novembre et les répétitions de la chorale qu'ils ont mise en place dimanche dernier.