Dans une nouvelle déclaration rendue publique hier, le porte-parole du Club des magistrats algériens (CMA), Saâdeddine Marzoug, a battu en brèche les dernières accusations du ministre de la Justice selon lequel le débrayage des robes noires aurait influé, voire entravé, le vaste mouvement de mutation des magistrats qui s'inscrit, avait argué le ministre, dans le cadre de la stratégie de lutte contre la corruption. Ainsi, le représentant de cette nouvelle organisation syndicale a indiqué que le plan de travail, conçu jusque-là par la tutelle pour lutter contre la corruption, a montré ses limites, voire son échec. "Le Club estime que l'approche adoptée à cet effet reste inefficace et inerte. Le changement des personnes et des responsables à la tête des structures concernées ne suffit pas pour lutter contre la machine de corruption", affirme M. Marzoug qui a dressé un constat sans appel sur la situation qui prévaut dans le pays, pour démontrer que le mouvement de grève des magistrats a mis à nu les facettes cachées de l'administration centrale. "Ce fléau pose en fait une problématique d'ordre économique, civilisationnelle et politique. Et l'Etat et la société algérienne en font toujours les frais depuis 1962 à ce jour. Les méfaits de ce fléau sont visibles tous les jours, et ce, à travers la généralisation de la pauvreté au quotidien, la mauvaise répartition des richesses du pays, la baisse effrénée du taux de croissance et l'émergence d'une classe d'oligarques." Et d'ajouter en tirant à boulets rouges sur le responsable du département de la Justice : "En somme, l'on a tort de limiter les effets de la corruption au secteur de la justice seulement. Alors arrêtons de dire que la solution à ce fléau est seulement entre les mains du ministre Zeghmati à qui l'on prête chaque jour, en grande pompe, la mise en branle de la machine des poursuites judiciaires contre des présumés." Plus loin, le porte-parole du CMA soutiendra sans ambages que "le règlement de ce fléau exige la participation de tout un chacun et que des personnes réputées pour leurs bonnes intentions doivent redoubler d'efforts. Ces personnes occupent respectivement des postes à l'intérieur et à l'extérieur des institutions de l'Etat". Le porte-parole du CMA estime qu'il faudra donc d'abord "commencer par réorganiser la vie politique et s'assurer ensuite de l'indépendance de l'institution", tout comme il insiste sur la nécessité de réunir les conditions devant garantir aux journalistes d'exercer pleinement leurs missions, et en toute liberté, et recommande de "penser à réformer le système réglementaire régissant la fonction publique et à amender le statut particulier du magistrat". Partant de ce constat, le CMA estime que "les différents ministres qui se sont succédé à la tête du département de la Justice, depuis Ahmed Ouyahia à Zeghmati en passant par Tayeb Louh et Mohamed Charfi, auraient dû penser à améliorer d'abord la situation socioprofessionnelle du magistrat dans le cadre de la lutte contre la corruption dans le secteur de la justice, avant de penser à engager d'autres actions populistes et surmédiatisées de lutte contre ce fléau".