En ce premier jour du 24e Sila, les lecteurs, venus en nombre, s'intéressaient notamment aux ouvrages traitant de l'actualité et de la situation politique du pays. Et pour preuve, les stands des éditions Chihab, Koukou ou encore Frantz-Fanon étaient envahis par des visiteurs à la recherche des textes de Mohamed Benchicou ou de Saïd Sadi. À la veille de la célébration du 1er Novembre, le Salon international du livre d'Alger, qui se tient à la foire de la Safex du 31 octobre au 9 novembre, a connu une affluence remarquable pour son premier jour. Dès la matinée, les véhicules commençaient à affluer en nombre jusqu'à obstruer les accès menant à la foire. Et dès l'entrée de celle-ci, un lectorat venu des quatre coins du pays est accueilli par des stands commémorant la date du 1er Novembre. Mais il ne faut point chercher une quelconque originalité, dans la mesure où les responsables de ces espaces se sont contentés de placarder quelques affiches à la mémoire des martyrs de la Révolution ou de chants patriotiques, autour d'une poignée d'enfants qui s'attelaient au coloriage. À l'intérieur, l'effervescence est à son comble, et, les vacances scolaires aidant, le public est fortement présent. En effet, plusieurs conférences-débats, ventes-dédicaces se tiennent simultanément au milieu de ce joyeux brouhaha. Les maisons d'édition algériennes accueillent pour leur part le gratin littéraire de cette rentrée, à l'image des éditions Chihab, Koukou ou encore Frantz-Fanon. Pour ces dernières, l'intérêt est surtout porté sur les ouvrages ou romans sur la politique et le Hirak. Et le public ne se fait pas prier pour accaparer ces analyses de l'actualité qui participent à l'écriture de notre histoire contemporaine. Après la parution continue de plusieurs contributions depuis l'avènement du mouvement, Saïd Sadi publie aux éditions Frantz-Fanon, « La révolution du 22 février, un miracle algérien », « Un livre qui souligne la réappropriation par la rue de la primauté du politique sur le militaire édictée en août 56 au congrès de la Soummam ». Chez Chibab, en plus d'essais politiques comme celui de Khaled Nezzar Bouteflika, la faillite, pas moins de trois titres traitent du mouvement du 22 février. Aux sources du Hirak, de Rachid Sidi Boumediene, Marcher !, sous la direction d'Amin Khan, La révolution du 22 février, de la contestation à la chute des Bouteflika, de Mahdi Boukhalfa attisent la curiosité des lecteurs. Après une brève lecture de la 4e de couverture, le choix est vite fait pour certains. "J'ai pris La révolution du 22 février, de Boukhalfa, je voulais me le procurer avant le début du Sila." Et de reprendre : "Ce sont des livres qui tombent à point nommé et qui sont intéressants dans la mesure où l'on prend du recul sur le mouvement. Ces lectures, je pense, permettent aussi de s'émanciper, comprendre où on va et ce que nous voulons", nous dira un père de famille. Aux éditions Koukou, Mohamed Benchicou et Mohamed Mebtoul ont également consacré des ouvrages au 22 Février, à travers la fiction pour l'un, et l'étude sociologique pour l'autre. Universitaire et chercheur au Crasc, Mebtoul propose une étude scientifique du mouvement, intitulée Libertés, dignité, algérianité. Sur un autre registre, Koukou présente aussi en cette rentrée littéraire, Les califes maudits, la déchirure de la Tunisienne Hela Ouerdi. Arezki Aït Larbi, directeur des éditions, explique que "le livre le plus demandé est celui de Hela Ouardi, qui est la suite de l'ouvrage Les derniers jours du Prophète". En seconde position c'est le livre de Benchicou qui est très demandé, suivi de celui de Mebtoul. Absent de cette édition mais fortement promu par sa maison d'édition, en l'occurrence Casbah, Yasmina Khadra, ou plutôt toute son œuvre suscite l'intérêt des lecteurs. Entre Les anges meurent de nos blessures, Les hirondelles de Kaboul, L'attentat, ou encore Ce que le jour doit à la nuit, l'hésitation est grande, mais certains finissent par prendre toute la collection, pour se replonger dans l'univers du romancier. Au demeurant, la plus-value de cette 24e édition du Salon international du livre d'Alger est surtout engrangée par les maisons d'édition indépendantes et privées, qui répondent aux attentes du lectorat en faisant écho aux thèmes qui le préoccupent.