Depuis la mi-2014, la monnaie nationale a perdu près de 30% de sa valeur face l'euro et environ 40% par rapport au dollar. Face au choc externe, de grande ampleur, subi par l'économie algérienne depuis le deuxième semestre 2014, le taux de change du dinar a joué, dans une large mesure, son rôle d'amortisseur, en l'absence de consolidation budgétaire. Les cotations hebdomadaires des billets de banque et des chèques de voyage valables du 27 octobre au 2 novembre 2019, publiées la semaine passée par la Banque d'Algérie, lèvent un peu le voile sur l'ampleur de l'érosion de la valeur de la monnaie nationale par rapport au dollar et à l'euro depuis le chute du prix du baril de pétrole. La monnaie européenne valait 139,11 DA à la vente, alors que la valeur du dollar était fixée à 124,93 DA. À la mi-2014, l'euro s'échangeait contre 107 DA, tandis que le billet vert valait 80 DA en moyenne. En d'autres termes, la monnaie nationale a perdu près de 30% de sa valeur face l'euro et environ 40% par rapport au dollar. Le taux de change a joué un rôle déterminant dans l'absorption du choc pétrolier, à travers une dépréciation substantielle. En effet, le seul ajustement qui a été opéré, de 2014 à 2016, est celui réalisé par la Banque d'Algérie sur le taux de change, alors que le niveau des dépenses publiques était maintenu élevé. Selon la Banque d'Algérie, l'évolution du cours de change du dinar a connu trois phases. La première phase est celle qui est intervenue entre juin 2014, date durant laquelle le marché pétrolier allait connaître un de ses pires retournements de situation, et la fin du premier semestre de 2016. Durant cette période, la dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar a été de l'ordre de 28% (en moyenne mensuelle). Le taux de change ayant servi de premier amortisseur, en tant que levier d'ajustement, face aux effets de la crise. En 2016, la Banque d'Algérie a stoppé le glissement de la monnaie nationale en prenant à contre-pied les recommandations des experts et des institutions financières internationales. La stabilisation du cours du dinar est intervenue au deuxième semestre de 2016, avant que la Banque d'Algérie ne reprenne le mouvement de dépréciation de la valeur du dinar dès la seconde moitié de 2016. Le dinar s'est déprécié de 15,4% par rapport à l'euro et de 3,8% vis-à-vis du dollar, entre fin décembre 2016 et fin décembre 2017. La troisième période, intervenue à compter du premier semestre de 2018, est celle qualifiée par la Banque d'Algérie d'ajustement du cours du dinar par rapport aux évolutions des principales devises de référence, le dollar et l'euro. Le dinar s'est légèrement apprécié face au dollar de 1,01% entre décembre 2017 et mars 2018 et s'est déprécié face à l'euro de 3,04% sur la même période. Inversement, entre mars et juin 2018, le dinar s'est déprécié face au dollar de 2,51% et s'est apprécié de 2,94% face à l'euro. Entre juin et décembre 2018, le dinar s'est apprécié face l'euro de 1,26% et s'est déprécié face au dollar de 1,3%. À maintes reprises, la Banque d'Algérie a rappelé que l'ajustement du taux de change ne doit pas constituer le principal, voire l'unique levier d'ajustement macroéconomique. Pour être efficace, il doit accompagner la mise en œuvre effective d'autres mesures et politiques d'ajustement macroéconomique, notamment budgétaire, aux fins de rétablir durablement les équilibres macroéconomiques, et de réformes structurelles aux fins d'asseoir une diversification effective de l'économie et in fine une hausse de l'offre domestique de biens et services.