La cheffe des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi, a pour la première fois utilisé jeudi soir le terme de "corruption" pour désigner les soupçons pesant sur le président américain, visé par une enquête en destitution dans l'affaire ukrainienne. S'exprimant au lendemain des auditions télévisées de hauts diplomates organisées dans le cadre de cette enquête explosive, Mme Pelosi n'a pas choisi ses mots au hasard: la "corruption" est l'un des chefs d'accusation cités par la Constitution américaine pour justifier une destitution. "Les témoignages accablants ont corroboré les preuves de corruption mises au jour par l'enquête", a déclaré la présidente démocrate de la Chambre des représentants, lors d'une conférence de presse. Elle a ajouté que les faits exposés la veille faisaient apparaître comme "presque petits" ceux reprochés au président républicain Richard Nixon, lui aussi visé par une enquête en destitution en 1974. Les démocrates soupçonnent Donald Trump d'avoir abusé de ses pouvoirs présidentiels en demandant au président ukrainien Volodymyr Zelensky d'enquêter sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle américaine de 2020. Ils tentent de démontrer qu'il a en plus, pour l'obtenir, fait pression sur Kiev en gelant une importante aide militaire destinée à l'Ukraine. Pour Nancy Pelosi, la corruption consiste à "accorder ou suspendre une aide militaire en échange d'une déclaration publique concernant une fausse enquête sur les élections", ce qui représentait "une tentative évidente de la part du président de se donner l'avantage pour l'élection de 2020". Donald Trump affirme que sa conversation avec son homologue ukrainien était parfaite. Un argument repris par une grande majorité de parlementaires républicains qui font bloc derrière lui. Avec une dizaine d'auditions publiques prévues d'ici le 20 novembre, les démocrates signalent qu'ils ne veulent pas perdre de temps dans l'enquête, avant un possible vote sur la mise en accusation, "l'impeachment" en anglais, du président à la Chambre. "Nous n'avons pas encore décidé que nous allons mettre (le président) en accusation", a précisé Mme Pelosi jeudi, "c'est ce à quoi sert cette enquête". Compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, il est peu probable que Donald Trump soit ensuite destitué, car la chambre haute, qui serait chargée de le juger, aurait le dernier mot.