Les démocrates veulent déterminer dans quelle mesure le président américain a fait pression sur son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d'un échange téléphonique, afin qu'il cherche des informations compromettantes sur son rival Joe Biden. L'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne (UE), Gordon Sondland, va témoigner devant les élus enquêtant dans le cadre d'une procédure de destitution contre le président républicain, Donald Trump, malgré l'interdiction du département d'Etat. C'est ce qu'ont annoncé hier ses avocats cités par des médias. Les démocrates menant l'enquête à la Chambre des représentants lui ont adressé, mercredi, une assignation afin de l'interroger sur l'affaire ukrainienne, qui vaut au président républicain d'être menacé par cette procédure explosive. «Malgré la consigne actuelle du département d'Etat de ne pas témoigner, l'ambassadeur Sondland honorera l'assignation des commissions (de la Chambre) et a hâte de témoigner» jeudi 17 octobre, ont écrit ses avocats, Robert Luskin et Kwame Manley, dans un communiqué. Proche de Donald Trump, cet homme d'affaires, qui a fait fortune dans le secteur hôtelier, compte répondre «pleinement et honnêtement aux questions des commissions», indiquent ses avocats. Il a «toujours agi avec intégrité», affirment-ils. L'ambassadeur ne pourra peut-être toutefois pas livrer des documents réclamés par les démocrates, puisque la diplomatie américaine dispose de la «seule autorité» pour décider de les présenter. Gordon Sondland «espère que ces documents seront présentés aux commissions» d'ici jeudi, selon ses conseils. Le président américain a expliqué, mardi, qu'il ne peut pas autoriser le témoignage de G. Sondland, qui a financé en partie sa campagne, car cela reviendrait à le laisser être entendu par «un tribunal bidon totalement partial», mené par l'opposition démocrate. Cette salve a marqué le début de la guerre ouverte entre D. Trump et les démocrates du Congrès au sujet de cette enquête, la Maison- Blanche annonçant dans la journée qu'elle refuse désormais de coopérer. De son côté, l'ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine est arrivée, hier matin, au Congrès américain pour témoigner dans l'enquête parlementaire en vue d'une procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump. Le doute pesait sur la venue de Marie Yovanovitch depuis que la Maison-Blanche a annoncé mardi qu'elle refuse désormais de coopérer avec l'enquête des démocrates. La diplomate est finalement arrivée au Congrès pour être entendue par les commissions de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, enquêtant sur l'affaire ukrainienne. Elle a été soudainement rappelée à Washington en mai. Donald Trump l'a critiquée lors de son échange téléphonique du 25 juillet avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu'il a à cette occasion appelé à chercher des informations compromettantes sur son rival démocrate Joe Biden. Cet appel est au cœur de l'enquête ouverte par les démocrates pour tenter de constituer un dossier de mise en accusation (impeachment) contre le président américain. Stratégie d'affrontement Donald Trump est passé à l'affrontement direct avec le Congrès, mardi, en annonçant qu'il refuse de coopérer à l'enquête en vue d'une éventuelle procédure de destitution. Jeudi, il s'est attaqué à ses adversaires démocrates lors d'un meeting dans le Minnesota d'une extraordinaire agressivité. Ainsi, il a prédit que cette «chasse aux sorcières» finirait par échouer et entraînerait, lors de la présidentielle de 2020, «un sursaut dans les urnes sans équivalent dans l'histoire». L'ancien vice-président, Joe Biden, qui pourrait être son adversaire démocrate lors de la présidentielle de novembre 2020 ? «Un mauvais sénateur !» Son fils Hunter, dont les activités en Ukraine pendant que son père était vice-président sont pointées du doigt par l'équipe Trump ? «Un homme pas très intelligent !» a indiqué le président américain, avant d'ironiser sur sa discrétion : «J'ai une idée pour un nouveau T-shirt : Où est Hunter ?» Mme Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants ? «Soit elle est très stupide», «soit elle perd la tête », «soit elle est malhonnête». L'élue démocrate Ilhan Omar, qui représente cet Etat à la Chambre des représentants, n'est pas épargnée. Cette dernière fait partie des quatre élues du Congrès issues de minorités auxquelles le président américain avait conseillé de «retourner» dans les pays d'où «elles viennent» , alors même que trois d'entre elles sont nées aux Etats-Unis. «C'est une socialiste qui déteste l'Amérique !», a-t-il lancé devant une foule déchaînée. «Elle est une honte pour notre pays !» «Elle est l'une des raisons pour lesquelles nous gagnerons le Minnesota», a-t-il conclu. Le Président s'en est aussi pris aux élus qui mènent l'enquête «partisane et anticonstitutionnelle», selon les termes de l'avocat de la Maison-Blanche, en vue d'une éventuelle destitution. «Nous sommes face à certaines personnes qui sont dérangées, des grands malades.» «Les démocrates se sont embarqués dans une croisade pour détruire notre démocratie. Nous ne les laisserons pas faire», a-t-il déclaré. Les démocrates veulent déterminer dans quelle mesure le président américain a fait pression sur son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d'un échange téléphonique afin qu'il cherche des informations compromettantes sur son rival Joe Biden. «Mon appel avec le président ukrainien était parfait», a-t-il observé. «Que veulent-ils faire ? Destituer le Président! Je ne crois pas que cela arrivera (… )», a prédit le républicain. Le même jour, les démocrates ont exigé la coopération de deux hommes d'affaires proches de l'avocat du Président, arrêtés dans une procédure distincte, alors qu'ils allaient quitter les Etats-Unis. Lev Parnas et Igor Fruman, des citoyens américains nés en Ukraine et en Biélorussie, ont été interpellés, mercredi soir, à l'aéroport international de Washington, munis d'un aller simple pour une destination à l'étranger, a révélé la police fédérale. Ils sont soupçonnés d'avoir servi d'émissaires à Rudy Giuliani, l'avocat personnel du Président, dans ses efforts pour convaincre l'Ukraine de livrer des informations compromettantes sur Joe Biden, possible adversaire de Donald Trump lors de la présidentielle 2020. Ils intéressent les élus démocrates qui accusent le président républicain d'avoir abusé de ses pouvoirs en sollicitant l'aide d'une puissance étrangère dans sa campagne de réélection. Leur arrestation s'inscrit toutefois dans le cadre d'une enquête distincte, ouverte par des procureurs new-yorkais et qui porte sur des violations des lois de financement des campagnes électorales. Les deux hommes sont accusés d'avoir dissimulé l'origine de dons octroyés en 2018 à plusieurs candidats à des élections locales et fédérales aux Etats-Unis, dont une partie venait de Russie, selon l'acte d'inculpation.