La mobilisation populaire contre le pouvoir en place et sa feuille de route se poursuit à Béjaïa. Hier encore, au lendemain du 39e vendredi de manifestations populaires, les villes de Kherrata et d'Aokas, dans la région est de la wilaya de Béjaïa, ont été le théâtre de deux marches citoyennes synchronisées, auxquelles ont pris part des milliers de personnes. Les manifestants, qui ont bravé le froid et la pluie, ont battu le pavé pour renouveler les revendications du hirak, notamment "la libération de tous les détenus politiques et d'opinion", "le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain", "le départ de toutes les figures du système" et "la mise en place d'un processus transitionnel devant permettre l'avènement d'une nouvelle république démocratique et sociale". À Aokas, ville côtière située à 25 km à l'est de la capitale des Hammadites, le coup d'envoi de la marche, initiée par un collectif citoyen local, a été donné vers 10h30, depuis la place Katia-Bengana jouxtant l'agence postale. Arborant des portraits de détenus du mouvement populaire, mais aussi les drapeaux national et amazigh, les marcheurs scandaient des slogans hostiles aux figures du régime et au processus électoral en cours. "Libérez les détenus", "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec les bandes mafieuses), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" (Pas de pardon), "Système dégage", ont-ils scandé sous un ciel pluvieux. Une prise de parole de certains animateurs locaux du hirak a ponctué le rassemblement, organisé devant cette institution publique. Les intervenants ont appelé la population de la région du Sahel à rester mobilisée pour "faire échouer la énième mascarade électorale du pouvoir, visant à perpétuer le régime de Bouteflika". Par ailleurs, plusieurs centaines de personnes ont également répondu favorablement, hier, à la marche hebdomadaire qu'organisent chaque samedi matin les hirakistes dans la ville historique de Kherrata, située à l'extrême est de la wilaya de Béjaïa. Déterminés plus que jamais à poursuivre leur lutte pacifique jusqu'à la chute du "régime dictatorial", les Kherratis ont réitéré leur rejet du scrutin présidentiel prévu le 12 décembre prochain, tout en fustigeant les cinq candidats en lice. "Tebboune el cocaïne hab iwali raïs" (Tebboune, trafiquant de cocaïne, veut devenir président), ont-ils raillé l'ancien Premier-ministre de Bouteflika, considéré comme étant le candidat favori du système. "Di Kherrata ulac el-margaz, akhdem la campagne ma-telidh dargaz" (À Kherrata pas de merguez, chiche venez faire campagne !), voilà un autre slogan porté, hier, par les citoyens de Kherrata, qui défient ouvertement les partisans de l'élection qu'ils qualifient de "cachiristes". Les manifestants, parmi lesquels figuraient le député démissionnaire Khaled Tazaghart et l'activiste de Béjaïa Yanis Adjlia, ont, par ailleurs, scandé : "Mazalagh d Imazighen" (Nous sommes toujours des Amazighs), "Libérez les détenus"…