Le rejet définitif du scrutin présidentiel du 12 décembre prochain, la libération de l'ensemble des détenus du hirak et le départ de tous les symboles du système ont été au cœur des revendications mises en avant par les milliers de manifestants béjaouis qui ont défilé, hier, dans les artères principales de la capitale des Hammadites. La 39e marche du mouvement de contestation populaire, né le 16 février à Kherrata, a été l'occasion pour la population de Béjaïa de réitérer sa détermination à poursuivre le combat pacifique que mènent les Algériens depuis près de neuf mois déjà pour "libérer le pays des mains de la îssaba" (bande maffieuse). "H'naya ouled Amirouche, marche arrière ma n'walouch. Talbine el houriya" (Nous, les descendants du colonel Amirouche, ne ferons jamais marche arrière. Nous réclamons la liberté), "Chaâb houwa li yeqarar" (C'est le peuple qui décidera), "Chaâb yourid el istiqlal" (Le peuple veut l'indépendance)… autant de slogans qui ont marqué la manifestation d'hier qui s'est ébranlée, vers 13h30, depuis la maison de la culture Taos-Amrouche. Munie des drapeaux national et amazigh, la déferlante humaine a eu à parcourir l'itinéraire habituel partant du carrefour d'Aâmriw jusqu'à la haute ville, tout en brandissant les portraits de certains détenus du mouvement populaire, tels ceux du moudjahid Lakhdar Bouregâa, de Samira Messouci, de Karim Tabbou, de Fodil Boumala… "Libérez les otages (détenus)", scande par endroits la foule, dénonçant au passage les condamnations prononcées, la semaine écoulée, par le tribunal de Sidi M'hamed (Alger), à l'encontre des porteurs du drapeau amazigh. Réaffirmant leur engagement à rejeter massivement la énième mascarade électorale, imposée par un régime disqualifié et honni par le peuple, les Béjaouis ont descendu en flammes les cinq candidats en lice, considérés comme étant des "potiches" qui tentent de prolonger le système de Bouteflika. "Tebboune el cocaïne, hab iwali raïs" (Tebboune, trafiquant de cocaïne, veut devenir président), "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec la bande maffieuse), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Ulac smah ulac" (Pas de pardon), "Système dégage", n'ont cessé de scander les manifestants tout au long de leur parcours. Par ailleurs, les marcheurs n'ont pas omis de réclamer à nouveau le départ des figures du régime de Bouteflika, notamment le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et le gouvernement de Bedoui. "Ya Ali, ya Abane, ba3ouha l'maricane" (Ali La Pointe et Abane Ramdane, ils ont vendu l'Algérie aux Américains), "Dawla madania, matchi askaria" (Pour un Etat civil et non militaire), "Djazaïr hourra democratia" (L'Algérie libre et démocratique vivra), ont-ils scandé.