Alors que les partisans du pouvoir, parmi lesquels des représentants du FLN, du RND et du MSP, préparaient la marche qui devait débuter à 14h, la police faisait la chasse aux plus irréductibles des "hirakistes". Après Annaba et Constantine, les Oranais qui ont tenté, hier matin, de s'opposer à la marche organisée en faveur de l'élection présidentielle ont été violemment réprimés par les forces de l'ordre place du 1er-Novembre. Les policiers ont interpellé entre 20 et 30 personnes, dont des figures connues du hirak, à l'image d'Abdelhadi Abbès, de Smaïn Hamane, de Fayçal Zagad… "Un flic a vidé sur moi une bombe lacrymogène et il a fallu l'intervention des secours qui m'ont injecté je ne sais quel produit. J'ai failli étouffer (…)", a dénoncé un jeune homme en pestant contre "ces services de sécurité qui s'acharnent de la sorte sur des gens pacifiques". Alors que les partisans du pouvoir, parmi lesquels des représentants du FLN, du RND et du MSP, préparaient la marche qui devait débuter à 14h, la police faisait la chasse aux plus irréductibles des hirakistes et cantonnait le reste des manifestants dans le jardin aménagé en face de la place du 1er-Novembre. Les smartphones ont été confisqués, les images et vidéos des événements effacées de la mémoire. "C'est une honte. La police n'est jamais intervenue pour protéger les marches du vendredi contre les provocateurs du quartier de Cavaignac. Aujourd'hui, ils sont là pour accompagner une mascarade", a déploré un animateur du hirak avec écœurement. Il est vrai que le dispositif mis en place pour protéger la marche pour l'élection présidentielle était impressionnant : des fourgons et des voitures de police, des ambulances de la Protection civile, des dizaines de policiers anti-émeutes éparpillés un peu partout, sans oublier les éléments en civil, étaient mobilisés pour assurer le bon déroulement de la manifestation. Vers 14h30, lorsque le petit cortège des partisans de l'élection a entamé sa marche sous les invectives et les apostrophes, les hirakistes se sont empressés de regagner l'escalier de la mairie d'Oran où se tenaient leurs adversaires quelques minutes plus tôt. Des manifestants taquins ont apporté de l'eau et des produits nettoyants et se sont mis à frotter le trottoir ; geste symbolique qui n'a pas manqué de provoquer des rires. "Il faut laver cette endroit de la souillure", a convenu un des présents, alors qu'une femme se plaignait d'avoir été dupée par ses supérieurs : "Je suis employée de l'APC de la rue Ben M'hidi et je vous jure que nos supérieurs nous ont leurrés. On nous a demandé de venir pour une réunion avant de nous mettre dans des bus. Nous ne savions pas qu'on nous amenait ici", a-t-elle dénoncé, en déclarant sa conviction que beaucoup de gens ont été "conduits ici sans savoir qu'ils allaient prendre part à une manifestation pour le vote". En fin d'après-midi, les personnes interpellées ont été libérées. Il est un fait certain : sans la bienveillance des services de police d'Oran, les partisans du vote n'auraient jamais osé organiser pareille manifestation, le front du refus de l'élection s'étant considérablement élargi ces derniers jours.