À voir la population vaquer à ses occupations quotidiennes, sans la moindre allusion à la présidentielle du 12 décembre prochain et aux cinq candidats qui y postulent, on constate l'immensité du fossé qui sépare le citoyen de ses gouvernants. Hier, premier jour de la campagne pour la présidentielle, aura été une journée ordinaire à Annaba, ville qui ne cache pas son refus total de ce scrutin tel que décrété et organisé par les hommes du système rejeté. Rien n'indiquait, en effet, que l'on est à trois semaines tout au plus d'une échéance électorale aussi importante pour le pays, qui est sans chef d'Etat depuis 9 mois. À voir la population vaquer à ses occupations quotidiennes, sans la moindre allusion à la présidentielle du 12 décembre prochain et aux cinq candidats qui y postulent, on constate l'immensité du fossé qui sépare le citoyen de ses gouvernants. Il y a aussi cette crainte indicible que nourrissent les représentants desdits candidats au niveau local, lesquels hésitent à se lancer dans le bain et à faire la promotion de leurs programmes électoraux. Une crainte d'autant plus exacerbée, qu'à Annaba, qui est une ville où le hirak n'a jamais faibli depuis son déclenchement, les pro-élection ne pourront pas se manifester aisément. D'où cette appréhension de procéder à l'affichage des portraits dans les lieux réservés à cet effet dans les quartiers de la ville chef-lieu et au niveau des 12 communes que compte la wilaya. Conscients de la difficulté de leur mission, les directeurs de campagne des candidats à cette présidentielle, pas comme les autres, n'en ont pas moins mis en place leurs effectifs, mais sans tambour ni trompette. Nous avons pris attache avec Yazid Bentoumi, secrétaire RND de wilaya et directeur de campagne du candidat Azzedine Mihoubi à Annaba, lequel assure que le plan de campagne a d'ores et déjà été élaboré et que tout est prêt dans sa circonscription pour aller au-devant des citoyens. "Nous avons installé nos responsables dans toutes les communes et comptons faire part du programme du candidat du parti, dès demain (aujourd'hui ndlr), dans les communes les plus éloignées pour commencer. En revanche, nous ne procéderons à l'affichage de son portrait que progressivement, afin d'éviter les actes de vandalisme", nous confie Yazid Bentoumi, en se disant confiant et serein. Contacté, le Pr Abdelaziz Ayadi, qui est le représentant du parti Talaie El-Houriat, et donc du candidat Ali Benflis dans la wilaya, assure, quant à lui, que tous les directeurs de campagne des 12 communes ont été désignés et que celui d'El-Hadjar a même été installé officiellement, hier matin. Notre interlocuteur affiche, lui aussi, sa détermination à mener frontalement campagne là où il le faudra, en favorisant le dialogue, afin de convaincre les citoyens d'aller aux urnes. Il n'a, toutefois, pas été possible de se rapprocher de Nacer Benali, le directeur de campagne d'Abdelmadjid Tebboune, pour connaître son plan d'action, de même que pour les représentants des candidats Belaïd et Bengrina, lesquels ne sont pas encore connus.