Les cinq candidats continuent de discourir dans des enceintes fermées hautement sécurisées, n'osant pas aller au-devant des populations qui, dans leur majorité, refusent l'élection présidentielle. Pour les candidats à l'élection présidentielle de décembre prochain, les jours se suivent et se ressemblent. De meetings chahutés dans des salles quasiment vides, des sit-in de protestation..., les ingrédients sont toujours les mêmes. Le candidat Ali Benlis est visiblement celui qui focalise le plus de protestations. En meeting à Oued-Souf dans la matinée d'hier, le président de Talaïe El-Houriat a, de nouveau, été accueilli par un rassemblement de citoyens hostiles au processus électoral. Alors qu'il prononçait un discours dans une salle clairsemée, l'ancien Premier ministre a été véhémentement interpellé par un citoyen qui l'a accusé de jouer en faveur du pouvoir et de faire partie de "la bande". Cet activiste du hirak a été interpellé par des policiers en civil présents dans la salle. Outre cet homme, une trentaine de citoyens ont été interpellés puis relâchés en fin de journée. Dans l'après-midi, le candidat a organisé un meeting à Blida où des citoyens se sont également rassemblés pour exprimer leur mécontentement. L'autre ancien Premier ministre, le candidat Abdelmadjid Tebboune, a animé, lui, deux meetings dans le Sud-Ouest. Il était dans la matinée d'hier à Béchar avant de se rendre à Mecheria, sa ville natale, dans la wilaya de Naâma, l'après-midi. L'homme n'a pas été conspué dans la salle. Mais les opposants à l'élection se sont rassemblés dans les deux villes pour le huer. C'est d'ailleurs le même sort qui a été réservé à Abdelkader Bengrina qui a choisi la ville de Boumerdès pour tenir un meeting. L'occasion pour le chef islamiste d'évoquer la question berbère qui, pourtant, n'a jamais fait partie de ses centres d'intérêt. Le candidat Abdelaziz Belaïd continue, lui, de croire en sa bonne étoile. Il a animé deux meetings à Médéa puis à Relizane. Il déroule un discours qui ne diffère pas trop des autres où le populisme prend souvent le dessus. Quant à Azzedine Mihoubi, il préfère aller lentement en programmant un nombre restreint de meetings dans les prochains jours. Cette journée de campagne a été également marquée par une nouvelle intervention publique du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui s'est exprimé depuis Ouargla pour afficher sa satisfaction des manifestations populaires organisées récemment en faveur de l'armée. Par ailleurs, des rassemblements et des sit-in anti-élection ont été organisés dans certaines villes du pays. À Tichy, dans la wilaya de Béjaïa, la ville a été paralysée par une grève générale en signe de protestation contre la répression d'un rassemblement organisé lundi. Tout près de là, à Jijel, des citoyens se sont rassemblés pour le 5e jour consécutif pour afficher leur opposition au scrutin de décembre. À Bordj Bou-Arréridj, des citoyens de la commune de Djâafra ont encerclé le chef de daïra et ont surtout muré le siège de la commune pour affirmer leur rejet de l'élection présidentielle. Outre ces actions sporadiques, des milliers d'étudiants, rejoints par des citoyens, ont battu le pavé pour réitérer leur revendication de changer le système politique et le rejet de l'élection prévue le 12 décembre prochain. Malgré cela, l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) affirme ne déplorer aucun incident.