Sur le terrain de la mobilisation, beaucoup de citoyens continuent d'exprimer, de différentes façons, leur refus du processus électoral. Certains sont de nouveau sortis dans la rue, dans plusieurs régions du pays. Manifestations hostiles au processus électoral, candidats chahutés et pouvoir à bout de nerfs ; au deuxième jour de la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre, hormis l'usage des balles en caoutchouc contre des manifestants à Tichy, à l'est de Béjaïa, rien n'a vraiment changé par rapport au premier jour. Arrivé lundi dans la matinée à Adrar pour y animer son premier meeting électoral, Abdelmadjid Tebboune a "eu droit" à un accueil particulier. Des dizaines de citoyens se sont rassemblés au centre-ville pour dénoncer la venue de l'ancien Premier ministre. La police a procédé à quelques interpellations. Mais cela n'a pas empêché Tebboune de tenir, sous une forte protection policière, un meeting sur une place publique de la ville. Et contrairement à ses adversaires, l'homme n'a pu ignorer les cris des opposants. "Chaque Algérien a le droit d'exprimer son opinion et de ne pas être d'accord avec l'élection. Mais personne n'a le droit d'empêcher d'autres Algériens d'aller voter", a indiqué l'ancien ministre, dont l'allocution a été retransmise en direct par des chaînes de télévision privées. Comme lors du premier jour, le déplacement d'Ali Benflis à Souk-Ahras n'a pas été de tout repos. Le meeting, animé hier matin au centre culturel de la ville, a été chahuté. À l'intérieur d'une salle clairsemée, des témoins rapportent que des présents ont interrompu le candidat aux cris de "Klitou lebled, ya serraqine" (Vous avez pillé le pays, voleurs !). Au moins trois jeunes ont été interpellés par des policiers en civil, présents dans la salle. En réponse, Ali Benflis a promis d'être "un président" qui "rassemble tous les Algériens". Après avoir été contraint d'écourter sa première sortie à Alger, Abdelkader Bengrina a choisi la ville des Roses, Blida, pour sa deuxième journée de campagne électorale. Il a été accueilli, lui aussi, par une manifestation de jeunes hostiles à l'élection. "Dégage ya Bengrina, had lâam makanch l'vote" (Dégage Bengrina, cette année, il n'y aura pas d'élection), ont-ils scandé, devant un barrage policier bien en place. Dans la salle omnisports, le candidat a rappelé son attachement à Mahfoud Nahnah, le défunt leader du Hamas, originaire de la ville, et a promis de "loger 100 000 citoyens" en quelques mois. Pendant que les candidats s'efforcent de discourir même devant des assistances hostiles, les panneaux d'affichage restent globalement blancs. À Alger, des citoyens ont arraché certains de ces supports. Dans d'autres quartiers, des poubelles, des inscriptions hostiles à l'élection ou des portraits de détenus d'opinion ont remplacé ceux des candidats. Sur le terrain de la mobilisation, beaucoup de citoyens continuent d'exprimer, différemment, leur refus du processus électoral. Certains sont de nouveau sortis dans la rue, dans plusieurs régions du pays, pour réitérer leur rejet du processus électoral. C'était le cas à Bouira, à Sétif, à Guelma et à Béjaïa. Pour la première fois, la police a fait usage de balles en caoutchouc à Tichy pour disperser des citoyens qui encerclaient la permanence locale de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Trois d'entre eux ont été blessés.