Des dizaines de citoyens sortis pour protester contre l'élection présidentielle ou la présence de candidats dans leur wilaya ont été interpellés dans plusieurs régions du pays. À Tlemcen, les 18 jeunes interpellés, la veille, lors du rassemblement de protestation contre le candidat Ali Benflis, ont comparu, hier en début de soirée, en citation directe devant le tribunal de première instance de la ville. Ils sont poursuivis pour deux chefs d'inculpation, à savoir "atteinte à l'ordre public" et "entrave au déroulement de la campagne électorale". Lors de ce sit-in de contestation populaire, pas moins de 37 manifestants ont été interpellés, dont 19 ont finalement été relâchés. Selon Faleh Hamoudi, chef du bureau local de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), le procès s'est ouvert sous haute surveillance policière, où un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé tout au long de la rue Tidjani-Damerdji, abritant le palais de justice. D'ailleurs, des dizaines de citoyens se sont rassemblés durant toute la journée d'hier aux abords immédiats du tribunal pour apporter leur soutien aux personnes arrêtées. De simples citoyens, des proches des détenus, ainsi que des militants des droits de l'Homme et autres activistes ont appelé, selon notre source locale, à la libération des détenus hirakistes arrêtés la veille. Cependant, il faut souligner que l'accès à la salle d'audience était filtré par les services de sécurité. "Sauf deux membres par famille de détenu étaient autorisés à assister au procès", affirmera le représentant de la Laddh, joint par téléphone. Signalons au passage qu'à l'heure où nous mettons sous presse, le procès se poursuivait et les plaidoiries des huit avocats de la défense n'avaient pas encore commencé. Il faut savoir, par ailleurs, qu'une trentaine de personnes ont été interpellées, hier en fin de journée, à Blida, où un meeting devait être animé par le candidat Abdelkader Bengrina, qui a choisi la ville des Roses comme deuxième halte pour sa campagne électorale. Dès lors, le vice-président de la Laddh, M. Salhi, n'a pas manqué d'exprimer ses vives inquiétudes quant à "cette campagne d'arrestations menée contre des citoyens venus dénoncer pacifiquement le scrutin que des millions d'Algériens rejettent". "Vu l'ampleur de la répression massive, nous sommes vraiment inquiets. Il y a des cas d'arrestation qui nous ont été signalés par les associations locales des droits de l'Homme, mais sans jamais être informés des charges retenues contre les manifestants arrêtés", déplore M. Salhi, qui affirme que "le parquet est tenu, selon la législation en vigueur, de communiquer régulièrement le nombre de personnes placées en détention préventive et les chefs d'inculpation retenus contre eux". Par ailleurs, pas moins d'une trentaine de citoyens qui ont manifesté dans les rues d'Adrar pour s'opposer à la tournée effectuée avant-hier dimanche par deux autres candidats à la présidentielle, Abdelaziz Belaïd et Azzedine Mihoubi, ont été interpellés par la police. Les hirakistes d'Adrar ont notamment scandé des slogans récusant la présidentielle organisée sous le contrôle des résidus de l'îssaba. "Ces jeunes contestataires interpellés ont été finalement relâchés dimanche en fin de journée", assure M. Salhi, qui se réfère au témoignage du représentant local de la Ligue.