Un manifestant a été tué hier par une balle en caoutchouc des forces de l'ordre dans le centre de Bagdad, tandis que des dizaines d'autres étaient blessés dans la capitale et le sud du pays, selon des sources médicales. L'homme a été tué sur un pont proche de la place Tahrir, épicentre de la contestation à Bagdad, et 17 autres manifestants ont été blessés dans la capitale. Avant l'aube, 45 manifestants ont été blessés, dont certains par balles, à Kerbala, ville sainte chiite à 100 km au sud de Bagdad, ont précisé ces sources. Vendredi, quatre manifestants ont été tués à Bagdad lors d'une nouvelle journée de contestation en Irak, où les foules, non convaincues par les réformes proposées par l'Etat, continuent d'abonder dans les rues. Dans la rue Rachid et aux abords de trois ponts reliant la place Tahrir aux principales institutions du pays, deux manifestants ont été tués par balles et deux autres par des grenades lacrymogènes des forces de l'ordre, tandis que 30 autres personnes ont été blessées, selon des sources médicales. Ces grenades sont d'ailleurs dénoncées, car elles sont de type militaire et dix fois plus lourdes que celles utilisées ailleurs dans le monde. Le pouvoir en place a proposé des aides sociales et une réforme de la loi électorale qui peine à prendre forme au Parlement, mais n'arrive toujours pas à convaincre les manifestants qui réclament une refonte du système politique, une purge des "corrompus" et une classe dirigeante entièrement renouvelée. Dans son prêche hebdomadaire, le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne qui a récemment apporté un soutien de poids aux revendications des manifestants sans toutefois retirer sa confiance aux dirigeants, est revenu sur la réforme de la loi électorale, estimant que voter une telle réforme était la priorité pour sortir de la "grande crise".